Il s'agit d'un condensé de l'un des meilleurs livres traitant de la science de l'Ethique musulmane, écrit par le grand savant mystique et philosophe Mohammad Mahdi Ibn Abî Tharr al-Narâqi. A travers la lecture de ce livre, ce sont tou tes les valeurs spirituelles de l'être Humain et tous ses défauts qui sont expliqués par le détail, pour que " l'homme qui aura maîtrisé à la fois la Sagesse théorique (la Philosophie) et la Sagesse pratique (L'Ethique), soit un miroir microcosmique d'un univers plus grand: le Macrocosme.


L'ETHIQUE MUSULMANE

(Abrégé de Bihâr al-Anwâr)
 
 
 
 
Mohammad Mahdi ibn AbU Tharr al-Narâqî
 
 
 
 
Traduit de l'anglais et édité par
Abbas AHMAD al-Bostani
 
PUBLICATION DE LA CITÉ DU SAVOIR
 
 
 
Éditeur:
La Cité du Savoir
Abbas Ahmad al-Bostani
C.P. 712 Succ. (B)
Montréal, Québec, H3B 3K3
Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et
d'adaptation réservés pour tous pays
 
© Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN : 2-9505157-1-1

Table des Matières
 
 
 

Avant-propos

Titre I :
Les caractéristiques du corps et de l'âme

I - Le sens et l'origine de "akhlâq"
II -La Purification et l'ornement de l'âme
III - Les facultés de l'âme : leurs effets et caractéristiques
    A) L'âme et ses pouvoirs
    B) Les plaisirs et les peines
    C) La bonté et le bonheur
    D) Les vertus et les vices moraux
    E) La modération et la déviation
    F) Les différents types de vices
    G) L'importance de la Justice
         - Les différentes sortes de Justice
    H) L'auto-développement

Titre II :
Les maladies de l'âme et leur traitement

I - Les maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement
    A) La condition d'excès
        - La sournoiserie
    B) La condition de déficience
        - L'ignorance simple
    C) L'état de modération
        - La Connaissance et la Sagesse
    D) D'autres vices relatifs au pouvoir de l'intellect
        1- L'ignorance composée
        2- La perplexité et le doute
            - La certitude
        i) Les signes des hommes de conviction
        ii) Les stades de certitude
            - `ilm al-yaqîn
            - `ayn al-yaqîn
            - haqq al-yaqîn
        3- Le chirk (polythéisme)
            - Le tawhîd (monothéisme)
        4- Les tentations sataniques et la conscience
        5- La tricherie et la sournoiserie

II - Les maladies du pouvoir de colère et leur traitement
    A) La condition d'excès
        - La témérité
    B) La condition de déficience
        - La lâcheté
    C) L'état de modération
        - Le Courage
    D) D'autres vices du pouvoir de colère
        1- La peur
            - La Crainte d'Allah
        2- Se déprécier, ou avoir un complexe d'infériorité
        3- Le manque d'assurance
        4- Le manque de sens de la dignité
        5- La précipitation
        6- Le ressentiment envers le Créateur et Sa Création
        7- La colère
        8- La violence
        9- Le mauvais caractère
        10- La rancune
        11- L'orgueil et la vanité
        12- L'arrogance
        13- La rébellion
        14- L'aveuglement vis-à-vis des fautes que l'on commet soi-même
        15- Le fanatisme
        16- La dissimulation de la vérité
        17- Le manque de coeur et la cruauté

III - Les maladies du pouvoir de passion et leur traitement
    1- L'amour de ce monde
    2- L'amour de la fortune et de la richesse
        - L'abstinence (zohd)
    3- L'abondance et l'opulence
    4- L'avidité (hirç)
    5- La convoitise (tamac)
    6- L'avarice (bukhl)
    7- Le gain illicite
    8- La trahison (khiyânah)
    9- La licence et la débauche
    10- S'occuper des questions obscènes et harâm

IV - Les maladies communes aux pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion, et leur traitement
    1- La jalousie (hasad)
    2- Agresser et insulter autrui
    3- Effrayer et tourmenter les Musulmans
    4- L'indifférence aux affaires des Musulmans
    5- Négliger d'accomplir le devoir d'al-`amr bil-ma`rûf wal-nahy `anil-monkar
    6- L'asociabilité
    7- Rompre les liens avec la famille et les proches
    8- Etre irrespectueux envers les parents
    9- Chercher les fautes des autres et divulguer leurs défauts et leurs péchés
    10- Divulguer le secret des gens
    11- La chamâtah
    12- Les insultes et la dispute (ta`n wa-mujâdalah)
    13- Se moquer des autres et les ridiculiser
    14- La plaisanterie
    15- La médisance (ghîbah)
    16- Le mensonge
    17- La simulation (riyâ')
    18- L'hypocrisie (nifâq)
    19- L'orgueil (ghurûr)
    20- Avoir des espérances et des désirs démesurés
    21- La rébellion (`içyân)
    22- L'effronterie
    23- La persistance dans le péché (al-içrâr `alal-ma`çiyah)
    24- La négligence (ghaflah)
    25- L'aversion (karâhah)
        - Le hubb
    26- Le sakhat
    27- Le huzn
    28- L'absence de confiance en Allah
    29- L'ingratitude (kufrân)
        - Le chukr
    30- L'impatience devant l'adversité (jaza`)
        - Le çabr
    31- Le fisq

Conclusion
Appendice : Supplication en vue du Perfectionnement Moral
Glossaire (des termes arabes)
Qu'est-ce que l'Islam ?


 
Avant-Propos
 

L'Ethique est l'une des plus importantes des sciences islamiques. Tout au long de l'histoire brillante de l'Islam, de grands Savants Musulmans se sont spécialisés dans ce domaine et ont produit des livres très appréciables traitant de ce sujet.

"Jâmic al-sacâdât" (Le Collecteur des Félicités) est l'un des meilleurs et des plus compréhensibles de ces livres. Il a été écrit par le grand Savant, le mystique et le philosophe moraliste Mohammad Mahdî ibn Abî Tharr al-Narâqî, qui était lui-même l'incarnation vivante de l'Ethique et des vertus morales islamiques. Le livre a été écrit en arabe et publié en trois volumes(1) . Al-Narâqî fut l'un des plus brillants penseurs de la fin du 12e/18e siècle et du début du 13e/19e siècle. Outre Jâmic al-sacâdât, al-Narâqî a écrit un grand nombre d'autres livres importants.

Pour faire revivre l'Ethique islamique dans un monde plongé dans le tourbillon du matérialisme et qui semble avoir tout, mais laissant dans l'oubli total les éternelles Valeurs spirituelles humaines, nous avons estimé qu'un effort vaut la peine d'être déployé pour condenser ce livre inappréciable en quelques courts articles, au bénéfice de ceux qui pourraient n'avoir pas accès au contenu du texte arabe original.

Nous espérons que le lecteur saura tirer profit de cet effort, et qu'il excusera nos imperfections.


Titre I
Les caractéristiques du corps et de l'âme
 

L'homme a une âme et un corps physique, et chacun d'eux a ses propres plaisirs et maladies. Ce qui nuit au corps est maladie, et ce qui lui fait plaisir traduit son bien-être, sa bonne santé et tout ce qui est en harmonie avec sa nature. La science qui traite de la santé et des maladies du corps est la médecine.

Les maladies de l'âme consistent en de mauvaises habitudes et en la soumission aux désirs, ce qui rabaisse l'homme au niveau de l'animal. Les plaisirs de l'âme sont une morale et des vertus éthiques qui élèvent l'homme et le rapprochent de la Perfection et de la Sagesse, et l'amènent près d'Allah. La science qui traire de tels sujets est la science de l'Ethique (cilm al-akhlâq).

Avant de commencer notre discussion sur la matière principale de notre sujet, il nous faut démontrer que l'âme de l'homme est incorporelle et immatérielle, et qu'elle a une existence indépendante du corps. Pour ce faire, nous nous référons aux nombreux arguments avancés à ce propos, et nous en mentionnons ci-après quelques-uns.

1 - L'une des caractéristiques des corps est que chaque fois que de nouvelles formes leur sont imposées, ils abandonnent leur ancienne forme. Mais dans le cas de l'âme humaine, de nouvelles formes, de nature sensible ou intellectuelle y entrent continuellement sans que les anciennes formes existant s'effacent pour autant. En fait, plus il y a d'impressions et de formes intellectuelles qui entrent dans l'esprit, plus l'âme se renforce.

2 - Lorsque trois éléments : couleur, odeur et goût apparaissent dans un objet, celui-ci se transforme. Pourtant l'âme humaine perçoit tous ces éléments sans être affectée par eux.

3 - Le plaisir que l'homme éprouve par la connaissance intellectuelle n'appartient qu'à l'âme, puisque le corps de l'homme n'y joue aucun rôle.

4 - Les formes abstraites et les concepts que l'esprit perçoit sont indubitablement non matériels et indivisibles. En conséquence, leur véhicule qui est l'âme doit aussi être indivisible, donc immatériel.

5 - Les facultés physiques de l'homme reçoivent leur énergie des sens, alors que l'âme humaine perçoit certaines choses sans l'aide des sens. Parmi ces choses que l'âme humaine comprend sans le concours des sens, on peut citer la loi de la contradiction, le principe selon lequel la totalité est toujours plus grande qu'une des parties qui la constituent, ainsi que d'autres principes universels semblables. La négation, de la part de l'âme, des erreurs commises par les sens, telles que les illusions optiques, se fait avec l'aide de ces concepts abstraits, même si la matière première nécessaire pour faire la correction (desdites erreurs) est fournie par les sens.

Maintenant, l'existence indépendante de l'âme ayant été démontrée, voyons ce qui est responsable de son bien-être et de sa joie, et ce qui la rend malade et malheureuse. La santé et la perfection de l'âme résident en sa compréhension de la vraie nature des choses, et cette compréhension peut la libérer de la prison étroite de la convoitise et de l'avidité et de toutes les chaînes qui freinent son évolution et son acheminement vers l'étape finale de la perfection humaine, laquelle réside dans la proximité de l'homme d'Allah. Tel est le but de la "sagesse théorique" (al-hikmah al-nadhariyyah). En même temps, l'âme humaine doit se purger de toutes les mauvaises habitudes et de tous les mauvais traits qu'elle pourrait avoir, et les remplacer par des modes de pensée et de conduite moraux et vertueux. Tel est le but de la "sagesse pratique" (al-hikmah al-camaliyyah). La sagesse théorique et la sagesse pratique sont rattachées l'une à l'autre comme la matière et la forme ; elles ne peuvent exister l'une sans l'autre.

En principe, le terme "philosophie" se réfère à la "sagesse théorique", et le terme "éthique" se réfère à la "sagesse pratique". L'homme qui aura maîtrisé à la fois la sagesse théorique et la sagesse pratique, est un miroir microcosmique d'un univers plus grand : le macrocosme.


I - Le sens et l'origine de "akhlâq"
 

Le mot "akhlâq" est le pluriel du mot "khulq", qui signifie "disposition". La "disposition" est cette faculté (malakah) de l'âme qui constitue la source de toutes les activités que l'homme accomplit spontanément et sans y réfléchir. "Malakah" est une propriété de l'âme, qui vient à l'existence par des exercices et des pratiques répétitifs et qu'il est difficile de détruire.

Une disposition (malakah) particulière peut apparaître chez les êtres humains par l'un des facteurs suivants :

1 - Un tempérament naturel et physique : on remarque que certaines personnes sont patientes alors que d'autres sont susceptibles et irritables. Certains individus sont facilement préoccupés et attristés, alors que d'autres font preuve de plus de force morale et de faculté d'adaptation.

2 - L'habitude qui se forme par la répétition continuelle de certains actes et qui mène vers l'émergence d'une certaine disposition.

3 - La pratique et l'effort conscient qui, s'ils se poursuivent assez longtemps, finissent par conduire à la formation d'une disposition.

Même si l'aptitude physique d'un individu produit certaines dispositions en lui, cela ne signifie pas que l'homme n'a pas le choix en la matière et qu'il est absolument contraint de se soumettre aux exigences de son tempérament naturel. Au contraire, puisque l'homme a le pouvoir de choisir, il peut vaincre les exigences de sa nature physique par la pratique et l'exercice, et acquérir la disposition de son choix.

Bien sûr, on doit admettre que les dispositions engendrées par les facultés mentales, telles que l'intelligence, la mémoire, l'agilité mentale, etc. ne sont pas altérables. Mais toutes les autres dispositions peuvent être changées selon la volonté de l'homme. L'homme peut contrôler ses désirs, sa colère et ses autres émotions, et les modeler pour s'édifier et se propulser dans le chemin de la Perfection et de la Sagesse.

Lorsque nous parlons de la capacité de l'homme à opérer un changement dans ses dispositions, nous n'entendons pas qu'il devrait détruire ses instincts de reproduction ou de conservation. Sans ces instincts, l'homme n'aurait pas pu exister. Ce que nous voulons dire en soulignant cette capacité, c'est que l'homme doit éviter d'aller vers l'un ou l'autre extrême les concernant, et qu'il faut maintenir une condition d'équilibre et de modération afin que ces instincts puissent remplir leurs fonctions convenablement. De même que le noyau d'une datte pousse pour devenir un arbre fruitier, grâce à des soins appropriés, ou qu'un cheval sauvage est dressé pour servir son maître, ou un chien pour devenir l'ami durable et le secours d'un homme, de même l'homme peut atteindre la Perfection et la Sagesse grâce à une auto-discipline et à une persévérance intelligentes.

La perfection humaine a plusieurs niveaux : plus grands sont l'auto-discipline et l'effort, plus haut est le niveau de perfection que l'homme pourra atteindre. En d'autres termes, l'homme est entre deux points extrêmes, le plus bas des deux est en-dessous du niveau des animaux, et le plus haut dépasse même le haut niveau des Anges. Le mouvement humain entre ces deux extrêmes est traité par cilm al-akhlâq", c'est-à-dire par la science de l'Ethique. C'est le rôle de l'Ethique d'élever l'homme et de l'amener du plus bas état de l'animal vers une position exaltée et supérieure à celle des Anges.

L'importance de l'Ethique est donc établie. Et c'est pour les raisons mentionnées ci-dessus que l'Ethique est considérée comme la plus exaltée et la plus appréciable des sciences, puisque le mérite de toute science est directement lié au mérite du sujet qu'elle concerne, et puisque le sujet de la science de l'Ethique est l'homme et le moyen par lequel il pourrait atteindre à la Perfection. En outre, nous savons que l'homme est la plus noble des créatures et que le but final de son existence est d'atteindre la Perfection ; c'est pourquoi il s'ensuit que l'Ethique est la plus noble des sciences.

En fait, dans le passé, les philosophes ne considéraient aucun des autres domaines de l'apprentissage comme étant une science vraiment indépendante. Ils croyaient que sans la science de l'Ethique et la Purification spirituelle, la connaissance approfondie de toute autre science est non seulement dénuée de toute valeur, mais conduirait en réalité à l'obstruction de la perspicacité et à la destruction ultime de ceux qui la poursuivent. C'est pour cela qu'il a été dit que :

- "La connaissance est le voile le plus épais" (1)

et il s'agit de la connaissance qui empêche l'homme de voir la nature réelle des choses.


II - La purification et l'ornement de l'âme
 

Les vertus morales chez l'homme lui font gagner le Bonheur éternel, alors que la corruption morale le conduit au malheur éternel. C'est pourquoi il est nécessaire pour l'homme de se purifier de tous traits vils de caractère, et d'orner son âme de toutes les vertus morales et éthiques. En outre, si on ne se dépouille pas de toutes les mauvaises habitudes, il est impossible de développer en soi des vertus morales. A cet égard, l'âme humaine peut être comparée à un miroir. Si nous voulons voir quelque chose de beau se refléter dans un miroir, nous devons tout d'abord nettoyer le miroir afin que la poussière et la saleté ne défigurent pas le reflet. Toute tentative d'obéir aux Commandements d'Allah ne sera couronnée de succès que si l'on se purifie des mauvaises habitudes et tendances ; autrement, elle équivaut à mettre des bijoux sur un corps sale. Lorsque l'auto-purification aura été faite et que l'on se sera dépouillé de toutes mauvaises habitudes dans la pensée, la parole et les actes, l'âme sera alors prête à recevoir la Grâce illimitée d'Allah. Une telle réception est l'ultime raison pour laquelle l'homme a été créé.

En vérité, la Grâce d'Allah et les Mystères Divins sont toujours accessibles à l'homme. C'est à l'homme de purifier son âme et de développer en lui la réceptivité nécessaire pour bénéficier de la Grâce infinie de son Créateur.

Selon un hadith attribué au Prophète Mohammad (S):(2)

- "Les Anges n'entrent pas dans une maison où il y a un chien." (2)

Comment serait-il donc possible que les rayons de la Grâce d'Allah et l'Illumination Divine entrent dans un coeur plein à ras bord de désirs immoraux, égoïstes et bestiaux ? La Parole du Prophète (S) :

- "Ma Religion est fondée sur la propreté." (3)

ne se réfère pas seulement à la propreté extérieure, elle fait beaucoup plus allusion à la pureté interne de l'âme.

Pour atteindre la Perfection ultime et finale, il est nécessaire de suivre le chemin de la lutte contre les désirs égoïstes et les tendances immorales qui existeraient dans l'âme, et donc de préparer celle-ci à recevoir la Grâce d'Allah. Si l'homme pose le pied sur le chemin de l'auto-purification, Allah lui viendra en aide et le guidera tout au long de ce chemin :

- "Oui, Nous dirigerons ceux qui combattront pour Notre Cause. Allah les guide sur Notre Chemin." (29 : 69) (4)


III - Les facultés de l'âme :
leurs effets et caractéristiques

A sa création, l'âme de l'homme est comme une plaque vierge, dépouillée de toutes facultés (traits), bonnes ou mauvaises. Au fur et à mesure qu'on avance dans la vie, on développe des facultés qui sont directement liées à son mode de vie, à ses idées et à ses actes. La parole et les actes de l'homme produisent, lorsqu'ils sont répétés pendant une longue période, un effet durable sur l'âme, effet connu comme "faculté". Cette faculté pénètre l'âme et devient l'origine et la cause des actions de l'homme. En d'autres termes, l'âme humaine s'habitue à cette faculté, établit avec elle une union et détermine la direction de l'être humain en accord avec les exigences de ladite faculté. Si de telles facultés (malakât) sont nobles, elles se manifestent sous forme de parole et de conduite morales chez l'homme. Et si, au contraire, elles sont mauvaises et basses, elles se manifestent sous forme de conduite perverse et immorale.

Ces mêmes facultés jouent un rôle décisif dans la détermination du sort de l'individu dans le monde éternel de l'Au-delà. Là, l'âme sera accompagnée des mêmes facultés auxquelles elle a été associée dans ce bas-monde. Si ces facultés sont vertueuses, l'âme aura une béatitude éternelle, et si elles sont malades, elle subira une éternelle damnation.

Cette question des malakât fournit la réponse à ceux qui se demandent comment Allah Clément et Miséricordieux pourrait condamner un individu à une damnation éternelle pour un péché commis en un court laps de temps. Ce qu'il faut garder présent à l'esprit, à ce propos, c'est que lorsqu'un péché commis répétitivement conduit au développement d'une faculté chez l'homme, la torture et la punition qu'elle appelle affecte également l'âme, puisqu'elle y est incorporée. Le Coran dit à cet égard :

- "Nous attachons au cou de chaque homme son oiseau d'augure, et Nous lui présenterons le Jour de la Résurrection un livre qu'il trouvera grand ouvert : "Lis ton livre  Ton âme te suffit aujourd'hui pour témoigner contre toi."." (17 : 13-14) (5)

Et :

- "Le livre sera posé  tu verras alors les coupables anxieux au sujet de son contenu, et disant : "Malheur à nous  Pourquoi ce livre ne laisse-t-il rien, de petit ou de grand, sans le compter ?" Et ils trouveront présent devant eux tout ce qu'ils auront fait." (18 : 49) (6)

Et :

- "Le Jour où chaque âme trouvera présent devant elle ce qu'elle aura fait de bien et ce qu'elle aura fait de mal, elle souhaitera qu'il y eût un long intervalle entre elle et ses actes." (3 : 29) (7)
 

A) L'âme et ses pouvoirs

L'âme (nafs) est cette essence Divine qui emploie le corps et en utilise les divers organes pour atteindre ses buts. L'âme a aussi d'autres noms, tels que : "esprit" (ruh), "intelligence" (caql), et "coeur" (qalb), bien que ces termes aient également d'autres usages.

Les plus importantes des facultés de l'âme sont :

1 - Le pouvoir d'intelligence (al-quwwah al-caqliyyah) - angélique.

2 - Le pouvoir de colère (al-quwwah al-ghadhabiyyah) - féroce

3 - Le pouvoir de désir (al-quwwah al-chahwiyyah) - animal.

4 - Le pouvoir d'imagination (al-quwwah al-wahmiyyah, ou : al-quwwah al-câmilah) (3) - domestique.

La fonction et la valeur de chacun de ces pouvoirs ou forces de l'âme sont communément bien comprises. Si l'homme n'avait pas le pouvoir de raison, il lui aurait été impossible de distinguer le bien du mal, le bon droit de l'erreur, et le vrai du faux. S'il ne possédait pas le pouvoir de colère, il n'aurait pas pu se défendre contre les attaques et les agressions. Si la force de l'attirance sexuelle et du désir n'existait pas chez l'homme, la permanence de l'existence de l'espèce humaine aurait été en danger. Et enfin, si l'homme manquait de pouvoir d'imagination, il n'aurait pas pu se représenter ce qui est universel et ce qui est particulier, ni tirer aucune conclusion fondée sur eux.

Avec cette explication, les caractéristiques mentionnées pour chacune des quatre facultés humaines deviennent claires et compréhensibles. La "raison" est l'Ange qui guide l'homme. Le pouvoir de colère et de férocité en l'homme suscite en lui la férocité et la violence. Son pouvoir de désir et de passion le propulse ers l'immoralité et la licence. Et le pouvoir d'imagination chez l'homme lui fournit le matériel préliminaire pour l'élaboration d'intrigues, de complots et de machinations démoniaques. Maintenant, si la faculté de raison est utilisée pour contrôler les autres facultés, elle les garde à leur juste place et modère leurs excès, et les autres facultés travailleront dès lors pour le bien-être de l'homme, et accompliront des fonctions utiles  autrement, elles ne seraient capables que de faire le mal.

La corrélation entre ces quatre facultés de l'âme humaine est décrite de la façon allégorique suivante : imaginons un voyageur monté sur un cheval et suivi d'un chien et d'un homme qui l'espionne pour le compte de quelques bandits. Supposons que l'homme à cheval représente la raison, sa monture le désir et la passion, le chien le pouvoir de colère et de férocité et l'espion le pouvoir d'imagination. Si le voyageur réussit à contrôler sa monture, le chien et l'espion, et à maintenir son autorité sur eux, il arrivera à sa destination sain et sauf  autrement, il sera détruit. L'âme humaine est donc une scène ou un champ de bataille sur lequel il y a une lutte continuelle entre ces quatre forces. Quelles seront la caractéristique dominante et la nature de l'âme de l'individu, cela dépend entièrement de l'issue de cette lutte.En d'autres termes, cette issue déterminera le caractère et l'inclination de ladite âme. C'est pour cela que certaines âmes sont angéliques, d'autres bestiales, et d'autres encore démoniaques.

Selon un hadith, l'Imam cAli (P) (4) a dit :

- "Allah a doté les Anges d'un intellect sans désir sexuel et sans colère, et les animaux d'un instinct de colère et de désir sans raison. IL a exalté l'homme en le dotant de toutes ces qualités. En conséquence, si la raison de l'homme domine ses désirs et sa férocité, il se rehausse à une position supérieure à celle des Anges  car cette position est atteinte par l'homme malgré l'existence d'obstacles, alors que les Anges n'ont pas d'épreuve." (8)
 

B) Les plaisirs et les peines

Le plaisir est une condition éprouvée par l'âme lorsqu'elle perçoit quelque chose d'harmonieux avec sa propre nature. La peine et la souffrance se produisent lorsque l'âme entre en contact avec des choses qui sont discordantes avec sa nature. Puisque les pouvoirs de l'âme sont au nombre de quatre, il s'ensuit que les plaisirs et les peines de l'âme doivent être divisés en quatre catégories, dont chacune correspond à l'un de ces quatre pouvoirs.

Le plaisir de la faculté de raisonnement réside dans l'acquisition de connaissances à propos de la nature réelle des choses  la peine de cette faculté réside dans l'ignorance et la privation de telles connaissances.

Le plaisir de la faculté de colère et de férocité réside dans le sentiment d'être victorieux et dans la satisfaction de vaincre tout ennemi et de se venger  la peine de cette faculté réside dans le sentiment d'être vaincu ou défait.

La joie de la faculté de désir et de passion est la jouissance de nourriture, de boisson et d'acte sexuel  alors que sa peine réside dans l'absence de ces jouissances.

Le plaisir de la faculté d'imagination réside dans la visualisation des particularités qui conduisent à l'apparition de désirs charnels et de tendances démoniaques  alors que sa peine réside dans l'insuffisance et l'inadéquation de ces visions.

Le plus intense et le plus pur des plaisirs est celui éprouvé par la faculté de raison. C'est une forme de plaisir qui est à la fois inhérent à l'homme et naturel chez lui. C'est un plaisir constant, non sujet au changement d'expérience dans la vie quotidienne.

Il est différent des autres plaisirs, qui appartiennent au corps et à l'être bestial, et qui sont de nature transitoire et sans valeur durable. Ces plaisirs bestiaux sont en fait si bas et triviaux que l'homme en a honte et s'efforce de les dissimuler. Si on disait à un homme qu'il tirerait un grand plaisir du fait de manger, de boire et de s'adonner à l'acte sexuel, il en serait honteux et bouleversé. Alors que si de tels plaisirs étaient de nature humaine, non seulement il n'en serait nullement honteux, mais il en serait fier si on les rendait largement publics.

Nous pouvons donc conclure que la sorte de plaisir qui est vraiment gratifiant pour l'homme, et non seulement en apparence, est le plaisir éprouvé par la faculté de raisonnement de l'âme. Cette sorte de plaisir a plusieurs degrés, dont le plus sublime est éprouvé par la proximité d'Allah. Pour atteindre ce plaisir suprême, il faut aimer et connaître Allah, et déployer des efforts inlassables en vue de se rapprocher toujours de LUI. Lorsque tous les efforts d'une personne sont déployés dans le but d'atteindre ce vrai et durable plaisir, les plaisirs sensuels sont vaincus et remis à leur place naturelle, c'est-à-dire poursuivis avec modération.
 

C - La bonté et le bonheur

Le but ultime de la Purification de l'âme et de l'acquisition d'un caractère moral et éthique est d'atteindre la félicité et le bonheur. La plus parfaite félicité et le bonheur le plus complet pour l'homme est l'incarnation et la manifestation des attributs et des caractéristiques Divins. L'âme d'un homme vraiment heureux se développe avec la connaissance et l'amour d'Allah  elle est illuminée par l'éclat émanant d'Allah Lorsque cela arrive, rien d'autre que la beauté ne viendra de LUI, puisque la beauté n'émane que de ce qui est beau.

On doit garder présent à l'esprit que la vraie félicité ne peut être atteinte ou conservée sans que tous les pouvoirs et facultés de l'âme soient purifiés et réformés. La réforme de quelques facultés ou de toutes les facultés de l'âme, pendant une courte période, ne suffirait pas à atteindre le bonheur. On ne peut dire d'un corps qu'il est sain que lorsque tous ses organes le sont. Donc, la personne qui cherche à atteindre le bonheur parfait et ultime doit se libérer des griffes des forces et des tendances démoniaques et bestiales et poser le pied sur l'échelle de l'ascension vers des royaumes plus sublimes.
 

D) Les vertus et les vices moraux

Dans notre dernière discussion, nous avons affirmé que l'âme humaine possède quatre pouvoirs distincts. ce sont l'intellect, la colère, la passion et le pouvoir d'imagination. Ce qu'il convient de noter ici, c'est que la purification et l'entraînement convenable de ces pouvoirs mènera vers l'émergence d'une faculté particulière chez l'être humain.

La purification et l'entraînement approprié du pouvoir de l'intellect déboucheront sur le développement de la Connaissance, et par voie de conséquence, de la Sagesse, chez l'être humain. La purification du pouvoir de colère conduira à l'émergence de la faculté de Courage, et par voie de conséquence d'endurance (hilm). La purification du pouvoir de passion et de désir mènera au développement de la faculté de Chasteté, et par voie de conséquence, de la générosité. Et enfin, la purification du pouvoir d'imagination conduira à l'émergence de la faculté de Justice chez l'être humain.

Les vertus morales sont donc : la Sagesse, le Courage, la Chasteté, et la Justice. Les qualités négatives opposées à ces qualités positives sont : l'ignorance (5), la lâcheté, la concupiscence, l'injustice et la tyrannie.

La Sagesse signifie la possession d'une compréhension du monde qui concorde avec la réalité des choses. La présence du Courage et de la Chasteté signifie que les pouvoirs de colère et de désir sont totalement sous les ordres de l'intellect, et complètement libérés des liens de la concupiscence et de l'égoïsme. En ce qui concerne la Justice, elle se rapporte à l'état où le pouvoir d'imagination est complètement sous le commandement du pouvoir de l'intellect. Cela implique la régulation de tous les pouvoirs de l'âme par le pouvoir d'intellect. En d'autres termes, la présence de la faculté de Justice dans l'âme nécessite la présence des trois autres facultés, de Sagesse, de Courage et de Chasteté.

Une question importante doit être soulignée ici. Du point de vue de l'éthique islamique, une personne qui aura développé chez elle les quatre facultés ne sera méritante que si la possession de ces vertus profite aussi aux autres gens. C'est ce que la raison nous dit, et nous fait comprendre que les vertus purement intérieures et privées n'ont pas beaucoup de valeur, et celui qui les posséderait ne mériterait pas de louanges.
 

E) La modération et la déviation

Chacune des quatre vertus éthiques doit être pratiquée jusqu'à un certain degré et dans des limites définies. Une fois ces limites dépassées, la vertu se transforme en vice. Si l'on conçoit chaque vertu comme le centre d'un cercle, tout mouvement d'éloignement de ce centre serait considéré comme un vice, et plus on s'éloigne de ce point central, plus grand sera le vice. C'est pourquoi il y a pour chaque vertu d'innombrables vices., puisqu'il y a un seul centre dans le cercle, alors qu'il est entouré d'un nombre infini de points. Concernant la déviation ou l'écart de ce centre, il importe peu en quelle direction elle se fait. La déviation du centre, quelle qu'en soit la direction, est un vice.

Trouver le vrai centre -ce qui comporte une modération absolue- n'est pas chose facile. Mais il est encore plus difficile de rester dans ce centre et de préserver cet équilibre. Le Prophète (S) a dit :

- "La Sourate Hûd m'a fait vieillir pour le propos suivant : "Reste ferme comme tu en as reçu l'ordre."." (11 : 112) (9)

Par opposition au vrai centre, il y a le centre approximatif, lequel est plus accessible. Les gens qui se purifient et développent leur âme arrivent normalement à ce centre relatif et acquièrent une modération relative. C'est pour cette raison que les vertus morales diffèrent d'une personne à l'autre, d'une circonstance à l'autre, et d'une époque à l'autre. La modération relative, tout comme la déviation, couvre une large région au centre de laquelle se situe le point d'équilibre et de modération absolus.
 

F) Les différents types de vices

Nous avons déjà dit que dévier de la modération et du milieu conduit au vice. Cette déviation vers chacune des deux extrémités opposées au milieu est d'innombrables degrés. Ci-après, nous allons mentionner seulement les deux extrémités correspondant à chaque vertu morale.

(tafrît) (ictidâl) (ifrât)

déficience Modération excès

stupidité Sagesse sournoiserie

lâcheté Courage témérité

léthargie Chasteté rapacité

soumission Justice tyrannie
 

Il y a ainsi huit sortes de vices, dont nous allons décrire chacune d'une façon brève.

1- La stupidité est la déficience de la Sagesse, c'est-à-dire le fait de manquer d'utiliser le pouvoir de l'intellect pour comprendre la nature des choses.

2- La sournoiserie est l'utilisation excessive de l'intellect, c'est-à-dire le fait d'utiliser le pouvoir de l'intellect là où il ne faudrait pas, ou de l'utiliser trop là où il est approprié de l'utiliser (normalement).

3- La lâcheté est la déficience du Courage, c'est-à-dire avoir peur et faire montre d'irrésolution là où il ne faut pas.

4- La témérité est l'excès de Courage, c'est-à-dire se montrer insouciant, imprudent -là où il ne faut pas.

La léthargie est l'état déficient pour lequel le point de modération est la Chasteté  ce qui veut dire faillir à utiliser les choses dont le corps a besoin.

6- La rapacité est l'autre extrême de la Chasteté, à l'opposé de la léthargie, et signifie l'excès dans l'acte sexuel, le manger, le boire et dans les autres plaisirs sensuels.

7- La soumission est l'état déficient pour lequel le point de modération est la Justice, et elle signifie l'acceptation de l'oppression et de la tyrannie.

8- La tyrannie est l'autre extrême de la Justice, à l'opposé de la soumission, et elle signifie soit s'opprimer soi-même, soit opprimer autrui.

Chacun de ces huit vices a de nombreuses branches et subdivisions qui sont reliées à la direction et au degré de la déviation par rapport aux quatre vertus. Etant donné que la déviation pourrait se produire en un nombre illimité de degrés, il n'est pas possible d'énumérer tous ces degrés. Toutefois, nous allons mentionner ici quelques uns des plus connus de ces vices, et par la suite nous discuterons des moyens de les combattre.

Les vices sont divisés d'après les pouvoirs auxquels ils sont rattachés, à savoir l'intellect, la colère et la passion.

1- Le pouvoir de l'intellect peut pousser à deux sortes de vices : la stupidité et la sournoiserie, dont les subdivisions supplémentaires sont :

- l'ignorance simple : le non-savoir

- l'ignorance composée : être ignorant et inconscient de son ignorance

- la perplexité et le doute : qui sont à l'opposé de la certitude et de la conviction

- les tentations charnelles : à l'opposé desquelles est la contemplation de la beauté de la Création Divine

- la duperie et la tricherie : en vue de parvenir à des fins dictées par la passion et la colère

- le chirk (le polythéisme) : qui est à l'opposé de la croyance en l'Unité et l'Unicité d'Allah.

2- Le pouvoir de colère a deux vices : la lâcheté et la témérité, dont les subdivisions sont :

- la peur : état psychologique causé par l'attente d'un événement douloureux ou la perte d'une condition favorable

- le manque d'endurance et l'auto-dépréciation : qui découlent de la faiblesse de l'esprit et dénotent une incapacité à faire face aux difficultés. A l'opposé de ces traits de caractère négatifs on trouve la fermeté, qui signifie la capacité d'endurer les difficultés de l'adversité

- la timidité : elle découle du manque de confiance en soi-même et de la faiblesse de caractère, et indique une incapacité à lutter pour atteindre des buts nobles et méritoires. A l'opposé de ce vice, il y a la vertu de la force d'âme, c'est-à-dire le courage et la bonne volonté d'entreprendre de grands efforts en vue d'atteindre la vraie félicité et la Perfection

- le manque de sens de la dignité : il découle lui aussi de la faiblesse de caractère, et il se traduit par un manquement à la nécessité de s'occuper de près des questions qui nécessitent qu'on s'en occupe

- la précipitation : c'est une autre manifestation de la faiblesse de caractère, et elle signifie la prise de décisions et l'engagement dans des actions sans y réfléchir suffisamment. L'extrême opposé à ce vice est la léthargie, qui est une tendance à la mollesse et au manque d'alacrité et d'empressement lorsqu'il s'agit de prendre une initiative qui exige de la rapidité

- le doute sur Allah et sur les Croyants : c'est là une autre manifestation d'un caractère faible et timide. A l'opposé de ce vice, on trouve la confiance totale en Allah et dans les Croyants, qui est un signe de courage et de confiance en soi-même

- la colère : qui est à l'opposé de la patience et de l'endurance

- l'esprit de vengeance : qui est à l'opposé de la clémence

- la violence : elle est suscitée par le pouvoir de colère et l'usage de la force en vue de parvenir à un but. A l'opposé, on trouve l'esprit de conciliation et la compassion

- le mauvais caractère : à l'opposé duquel on trouve le bon caractère

- l'envie et la malice : résultant du pouvoir de colère

- l'inimitié ou l'hostilité : c'est une manifestation du pouvoir de colère, qui se trouve à l'opposé de l'amitié

- l'amour-propre et la vanité : dont l'autre extrême est le complexe d'infériorité

- l'arrogance : qui est à l'opposé de l'humilité

- la vantardise : qui consiste à parler de soi avec fierté et satisfaction. Cet état découle de l'arrogance

- la rébellion : qui signifie désobéissance à quelqu'un qui mérite d'être obéi. Cet état découle lui aussi de l'arrogance, et il est à l'opposé de l'obéissance à quelqu'un à qui il est nécessaire d'obéir

- le fanatisme : une dévotion quasi aveugle pour quelque chose

- l'injustice et la dissimulation de la vérité : état dont l'opposé est la Justice et la fermeté dans la défense de la vérité

- la brutalité : manque de compassion et de clémence lorsque celles-ci sont nécessaires.

3- Les vices du pouvoir de passion et de désir sont la léthargie et la cupidité, dont les subdivisions sont :

- l'envie de ce bas-monde et des richesses : dont l'opposé est le zuhd (la sobriété)

- l'abondance et l'opulence : dont l'opposé est la pauvreté

- la cupidité (tamac) : dont l'opposé est l'indifférence aux possessions des autres

- l'avidité (hirç) : dont l'opposé est le contentement de ce qu'on a

- la convoitise de ce qui est interdit par la Religion et l'engagement dans des actes illicites : dont l'opposé est le "warac" (Piété), l'abstinence de ce qui est interdit

- la tricherie : dont l'opposé est l'honnêteté

- toutes les sortes de débauche : telles que l'adultère, la sodomie, l'alcoolisme et toutes autres formes de conduite frivole

- s'enfoncer dans le faux et croire aux choses fausses

- s'habituer à tenir des propos frivoles et insensés et des fanfaronnades vides.

Ainsi nous arrivons à la fin de l'énumération des vertus et des vices appartenant exclusivement à chacun des trois pouvoirs. Maintenant, nous allons énumérer les vertus et les vices appartenant simultanément à deux ou trois pouvoirs de l'âme :

-la jalousie : c'est-à-dire le désir envieux des fortunes des autres

- insulter et rabaisser les autres : dont l'opposé est le respect des autres

- ne pas être sympathique ou serviable envers autrui

- la flatterie

- rompre les liens avec la famille et les proches

- ne pas remplir les devoirs envers les parents et être désavoué par eux

- se mêler des affaires des autres en vue de découvrir leurs défauts

- révéler les secrets des gens : dont le contraire est le fait de garder les secrets des autres et même de les cacher

-provoquer des frictions et des désaccords entre les gens : dont la qualité opposée est d'amener la paix et l'harmonie entre les gens

- blasphémer

- polémique verbale et animosité

- se moquer des autres et les ridiculiser

- médire de quelqu'un

- mentir

- convoiter la célébrité et une haute position sociale

- aimer les louanges et détester les critiques : à l'opposé de ce vice, il y a l'indifférence et aux louanges et aux critiques

- la simulation : c'est-à-dire faire quelque chose pour attirer sur soi une attention favorable

- l'hypocrisie : dont l'opposé est le fait d'être le même intérieurement et extérieurement

- se duper : ce qui est à l'opposé de la perspicacité, du savoir et de l'humilité

- la rébellion : dont l'opposé est l'obéissance

- l'impudence et l'effronterie : dont l'opposé est la modestie et la pudeur

- se faire beaucoup d'illusions

- la persistance dans le péché : dont l'opposé est la repentance

- se négliger et s'éloigner de soi-même : dont l'opposé est faire attention à soi-même et être conscient de son but

- être apathique et indifférent à son bonheur et à son bien

- la haine déplacée : dont l'opposé est l'amitié et l'amour approprié

- inconstance et déloyauté : dont l'opposé est la loyauté

- l'isolement et l'éloignement des autres : dont l'opposé est la sociabilité et l'amitié

- le ressentiment et la hargne : dont l'opposé est le calme et la maîtrise de soi

- le chagrin et le remords : dont l'opposé est la gaieté et la joie

- le manque de confiance en Allah

- l'ingratitude : dont l'opposé est la gratitude et la reconnaissance

- l'impiété : c'est-à-dire la désobéissance aux Commandements d'Allah et leur transgression  l'opposé en est la piété et l'accomplissement des devoirs prescrits par Allah, ainsi que l'accomplissement des actes recommandés par Allah.
 

G) L'importance de la Justice

Ayant énuméré tous les vices et vertus, il est nécessaire maintenant d'avoir une compréhension de la vraie signification de la qualité (vertu) de Justice, puisque toutes les vertus éthiques découlent de cette qualité, tout comme tous les vices émanent de l'injustice, laquelle est l'opposé de la justice. Platon a dit, à cet égard :

- "Lorsque la qualité de Justice se développe chez un homme, toutes les autres qualités et facultés de l'âme sont illuminées par elle, et ces facultés acquièrent toutes la lumière les unes des autres. Telle est la condition dans laquelle l'âme humaine agit et se meut de la meilleure façon possible, s'acheminant vers la proximité de la Source de la Création."

La qualité de Justice sauve l'être humain du danger de la déviation vers les extrêmes, que ce soit sur les plans personnel ou social, et lui permet de pouvoir atteindre à la félicité et aux Bénédictions. Bien évidemment, il convient de noter que cette qualité ne peut être pratiquée avec succès que si l'homme sait ce qu'est le juste milieu, et peut le distinguer de l'excès lorsqu'il s'y trouve confronté. Une telle possibilité de distinction ne peut être acquise qu'à travers les Saints Enseignements de l'Islam, lequel comporte des instructions élaborées relatives à tout ce dont les êtres humains ont besoin pour atteindre au bonheur et à la félicité dans ce monde et dans l'Autre.
 

- Les différentes sortes de Justice

La Justice est de trois sortes :

1- La Justice entre les êtres humains et Allah  c'est-à-dire les punitions et les récompenses qu'Allah donne à l'homme en fonction de ses actes. En d'autres termes, à chaque acte -bon ou mauvais- de l'homme, Allah prescrit une récompense ou un châtiment appropriés. Autrement ce serait une injustice et une violation de droits de la part d'Allah, et un traitement injuste réservé à Sa créature, or Allah est éloigné d'une telle injustice.

2- La Justice entre les êtres humains, c'est-à-dire que chacun doit respecter les droits individuels et sociaux des autres et agir conformément aux Lois Sacrées de l'Islam. Cela s'appelle la Justice sociale. Dans les Traditions du Prophète (S), les droits sociaux sont énumérés comme suit :

- "Chaque Croyant a trente obligations envers son Frère dans la Foi, obligations qu'il n'aura pas respectées tant qu'il ne s'en sera pas acquitté effectivement, à moins qu'il n'en soit dispensé par son frère dans la Foi. Ces obligations sont :

- pardonner à son Frère dans la Foi ses erreurs 

- être clément et bon avec lui lorsqu'il se trouve dans un territoire étranger 

- garder pour lui ses secrets 

- lui tendre la main lorsqu'il est sur le point de tomber 

- accepter ses excuses  décourager toute médisance à son égard 

- continuer à lui donner de bons conseils 

- préserver soigneusement son amitié 

- se charger honnêtement du dépôt qu'il lui a confié 

- lui rendre visite lorsqu'il tombe malade 

- être à ses côtés au moment de son agonie 

- accepter son invitation et ses cadeaux 

- lui rendre de la même façon les faveurs qu'il lui aurait accordées 

- le remercier pour les services rendus 

- être reconnaissant de son aide 

- protéger son honneur et sa propriété 

- l'aider à faire face à ses besoins 

- faire un effort en vue de résoudre ses problèmes 

- lui dire "Qu'Allah te bénisse" lorsqu'il éternue 

- le guider vers ce qu'il a perdu 

- répondre à ses félicitations sans essayer de les mal interpréter 

- accepter ses dons 

- confirmer ce qu'il affirme sous serment 

- être bon et amical avec lui, et non antipathique ni hostile 

- l'aider, qu'il soit victime d'une injustice (l'aider à recouvrer ses droits) ou injuste (en le poussant à réparer son injustice) 

- s'abstenir de se sentir las de lui ou d'en avoir assez de lui 

- ne pas l'abandonner lorsqu'il se trouve en plein ennui 

- il doit aimer pour lui ce qu'il aime pour lui-même, et détester pour lui ce qu'il déteste pour lui-même." (10)

3- La Justice entre les vivants et les morts : c'est une sorte de Justice qui commande que les vivants se souviennent des morts avec bonté, acquittent leurs dettes (non payées), se conforment à leurs volontés, prient pour eux, fassent l'aumône pour eux, implorent Allah de leur pardonner, fassent la charité à leur mémoire.
 

H) L'auto-développement

La conclusion qu'on peut tirer de ce chapitre est que la Justice signifie la maîtrise totale par l'intellect de tous les autres pouvoirs et facultés de l'âme humaine, afin que ceux-ci acheminent l'homme vers son but ultime, à savoir la Perfection humaine en vue de plaire à Allah. En d'autres termes, lorsque l'intellect gouverne le corps et que la Justice y prévaut, elle prévaut également dans le domaine qui se trouve sous sa juridiction (c'est-à-dire tout le corps). Exactement comme lorsque le gouvernant d'une société est juste, la Justice se répandra dans toute cette société, et lorsqu'il est injuste, l'injustice prévaudra dans tout le pays. C'est ce qui est indiqué dans le hadith suivant :

- "Chaque fois que le gouvernant est juste, il partage la récompense et le mérite de toutes les bonnes actions accomplies par ses sujets, et chaque fois qu'il est injuste, il sera considéré comme complice dans tous les péchés et mauvaises actions commis par eux." (11)

L'autre conclusion qu'on peut tirer est que l'on ne saurait réformer quelqu'un d'autre tant qu'on ne se sera pas réformé soi-même. Cela veut dire que si un individu est incapable de faire valoir la Justice en lui-même, comment pourrait-il la mettre en application chez ses parents, les membres de sa famille, ses concitoyens et enfin dans toute la société ? L'auto-développement prime donc nécessairement tout, et cet auto-développement ne peut se réaliser qu'à travers la Science de l'Ethique.


 
Titre II
Les maladies de l'âme et leur traitement
 

Pour guérir les maladies physiques, il y a certaines règles et procédures à suivre. Il faut tout d'abord et avant tout identifier la maladie. Il faut ensuite déterminer le mode de traitement. Il faut en troisième lieu appliquer le traitement en recourant à des médicaments appropriés et en évitant l'utilisation de tout ce qui est nuisible, et ce jusqu'à la guérison complète.

Il a été noté précédemment que les maladies de l'âme surviennent lorsque les pouvoirs de celle-ci franchissent les limites de la modération et s'acheminent vers les extrêmes contraires : l'excès ou la déficience. Le traitement de ces maladies de l'âme doit être similaire à celui des maladies corporelles, et doit passer par les trois stades mentionnés ci-dessus avant d'aboutir à une guérison complète. Nous allons donc continuer notre discussion sur ce sujet en décrivant chacune de ces maladies et en indiquant le traitement qui lui est propre. Les maladies à étudier sont divisées en quatre catégories qui sont les suivantes :

1- Les maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement.

2- Les maladies du pouvoir de colère et leur traitement.

3- Les maladies du pouvoir de passion et leur traitement.

4- Les maladies relatives à la combinaison de deux de ces pouvoirs ou de tous les trois.

Avant de parler en détail des maladies de ces quatres catégories, il faut noter que chacun des pouvoirs évoqués peut se trouver dans n'importe lequel des trois stades : modération, déficience ou excès.

En traitant de chacun de ces pouvoirs, nous devrons tout d'abord considérer sa déviation vers l'excès, qui est une forme de maladie, et indiquer son traitement propre. Puis il nous faudra parler de sa déviation vers la déficience et du moyen de traiter celle-ci. Enfin nous devrons considérer son état de modération. Nous conclurons notre étude de chacun desdits pouvoirs par un examen des différentes sortes de maladies morales qui pourraient atteindre ces pouvoirs, et leur mode de traitement.


I - Les maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement


A) La condition d'excès

- La sournoiserie

C'est l'un des vices du pouvoir de l'intellect dans son état d'excès ou d'extrême. Lorsque l'intellect humain est atteint de cette maladie, il se trouve plongé dans des examens et des analyses si méticuleux qu'il perd le tempérament. En d'autres termes, l'activité mentale de l'individu, au lieu de rapprocher celui-ci de la compréhension de la réalité, l'en éloigne, et peut même le conduire à nier la réalité -comme dans le cas des sophistes- ce qui l'enfonce dans une fondrière de doute et d'indécision concernant les Lois religieuses et leur application.

La façon de traiter cette maladie fatale consiste en ce que l'individu concerné doit tout d'abord être conscient de son danger, y réfléchir, et ensuite faire un effort pour forcer son esprit à rester dans les limites de la modération. En se guidant sur le sens commun et en ayant pour critère la pensée et le jugement des gens normaux, il doit juger sa propre pensée et ses propres jugements, en restant sur ses gardes jusqu'à ce qu'il arrive à la condition de modération.
 

B) La condition de déficience

- L'ignorance simple

Cette maladie est due à une déficience du pouvoir de l'intellect chez l'individu, et on dit que l'individu en est atteint lorsqu'il manque de savoir et d'instruction tout en étant inconscient de son ignorance. Cette ignorance est en opposition avec "l'ignorance composée", dans laquelle l'individu concerné non seulement est inconscient de son ignorance, mais se considère comme connaisseur.

Il est évident que le traitement de "l'ignorance simple" est plus facile que celui de "l'ignorance composée". Pour guérir "l'ignorance simple", tout ce qu'il faut faire, c'est examiner les mauvaises conséquences de l'ignorance et se rendre compte que ce qui distingue l'homme de l'animal c'est la connaissance et l'instruction. En outre, il faut tenir compte de l'importance de la connaissance et de l'instruction, comme en témoignent aussi bien la raison que la Révélation. La conséquence d'une telle méditation et d'une telle réflexion sera un désir automatique d'instruction. Il faut poursuivre ce désir avec la plus grande ardeur, et empêcher le moindre brin d'hésitation ou de doute d'entrer dans son esprit.

C) L'état de modération

- La Connaissance et la Sagesse

Cet état se trouve entre deux extrêmes : "la sournoiserie" et "l'ignorance simple". Indubitablement, la Connaissance et la Sagesse sont deux des qualités les plus sublimes que l'homme puisse posséder, puisqu'elles sont les Attributs Divins les plus importants et les plus nobles.En fait, c'est cette caractéristique qui rapproche l'homme d'Allah. La raison en est que plus l'homme est connaisseur et instruit, plus il est capable d'abstraction (tajarrud), puisqu'il a été démontré en philosophie que la connaissance et l'abstraction sont complémentaires. C'est pourquoi, plus le degré d'abstraction de l'esprit est grand, chez un homme, plus il est proche de l'Essence Divine, dont l'idée dans l'esprit humain est le plus haut degré de l'abstraction.

Le Saint Coran dit, dans l'exaltation de la Connaissance et de la Sagesse :

- "... Celui à qui la Sagesse a été donnée, bénéficie d'un grand bien." (2 : 269) (12)

- "Voilà des exemples que Nous proposons aux gens, mais ceux qui savent sont seuls à les comprendre." (29 : 43) (13)

Selon un hadith, le Prophète (S) a dit à Abû Thar :

- "S'asseoir pendant une heure dans une assemblée de gens instruits vaut mieux, aux Yeux d'Allah, qu'accomplir mille Prières par nuit pendant mille nuits, et que réciter tout le Coran douze mille fois, ou encore, vaut mieux que toute une année d'adoration, pendant laquelle on jeûne tous les jours et on passe toutes les nuits en priant. Si quelqu'un sort de sa maison dans l'intention d'aller acquérir le Savoir, Allah lui alloue, pour chaque pas qu'il fait, la récompense réservée à un Prophète, et la récompense accordée à mille Martyrs de (la bataille de) Badr. Et pour chaque mot qu'il entend ou qu'il écrit, une cité lui sera réservée au Paradis..." (14)

En Islam, certaines règles de bonne conduite sont prescrites aussi bien pour les enseignants que pour les élèves, règles qu'on trouve exposées et expliquées en détail dans des ouvrages spécialisés, dont le meilleur est peut-être "Adâb al-mutacallimîn" de Zayn al-Dîn ibn cAli al-cAmilî (1495-1559 de l'ère chrétienne). Voici quelques-unes des règles de bonne conduite relatives à l'élève et à l'enseignant :

1- L'élève doit s'abstenir de suivre ses penchants égoïstes et lascifs, et de fréquenter des gens mondains, car ils sont pareils à un voile qui empêche l'accès à la Lumière Divine.

2- Sa seule motivation pour ses études doit être de satisfaire Allah et d'atteindre à la félicité dans l'Autre Monde, et non de gagner une richesse, une célébrité ou l'honneur mondain.

3- L'étudiant doit mettre en pratique tout ce qu'il apprend et comprend, afin qu'Allah accroisse son Savoir. Le Prophète (S) a dit :

- "Celui qui acquiert la Connaissance d'un homme instruit et qui agit en conformité avec cette Connaissance, aura le Salut, et celui qui acquiert une connaissance pour une raison attachée à ce monde, n'aura que ce qu'il a acquis (et il ne recevra aucune récompense dans l'Autre Monde)." (15)

4- L'élève doit honorer son instituteur, être humble et obéissant envers lui.

La conduite convenable de l'enseignant doit être la suivante :

1- L'enseignement qu'il dispense doit avoir pour but la Satisfaction d'Allah et ne pas avoir des fins liées à ce monde.

2- L'enseignant doit encourager et guider son élève, être bon envers lui, et lui parler avec un langage qui soit au niveau de sa compréhension.

3- L'enseignant doit transmettre sa Connaissance seulement à ceux qui la méritent, et non pas à ceux qui pourraient en abuser.

4- L'enseignant ne doit parler que de ce qu'il connaît, et il doit s'abstenir d'aborder des sujets dont il est ignorant.

Il est ici nécessaire d'expliquer ce que signifient la Connaissance, l'apprentissage et la sorte d'enseignement dont nous parlons. En d'autres termes, la question est de savoir si l'honneur et le respect pour la Connaissance et le Savoir, principe qui caractérise l'Islam, s'applique à toutes les sciences, ou seulement à certaines d'entre elles. La réponse est que le domaine de l'enseignement peut être divisé en deux groupes :

a) les sciences relatives à ce bas-monde, telles que la médecine, la géométrie, la musique, etc.

b) les Sciences ayant trait au développement spirituel de l'homme.

C'est cette seconde sorte d'apprentissage qui est hautement appréciée par les Saints Enseignements de l'Islam. Toutefois, le premier groupe de sciences est également considéré comme important, et leur acquisition est un obligation de suffisance (wâjib kifâ'î) pour tout Musulman. Cela veut dire que tous les Musulmans sont obligés de les apprendre jusqu'à un niveau suffisant pour faire face aux besoins de la Communauté Musulmane.

En ce qui concerne les Sciences dont l'acquisition est nécessaire au développement spirituel de l'homme, elles sont les suivantes : la connaissance des Doctrines de la Religion (uçûl al-dîn, ou les Principes de la Religion), l'Ethique (akhlâq) -qui a été fondée en vue de guider l'homme vers ce qui l'amène au Salut et l'éloigner de ce qui le conduirait à l'égarement- et la Jurisprudence Musulmane (fiqh) -laquelle concerne les devoirs individuels et sociaux des êtres humains du point de vue de la Loi Islamique.

D) D'autres vices relatifs au pouvoir de l'intellect

1- L'ignorance composée

L'ignorance composée est, comme nous l'avons noté plus haut, une ignorance dans laquelle quelqu'un n'est pas seulement ignorant, mais également inconscient de son ignorance. C'est une maladie fatale, dont le traitement est extrêmement difficile, car la personne "ignorante composée" ne voit aucun défaut en elle-même, et n'a par conséquent aucune motivation pour se corriger. Elle demeure ainsi ignorante jusqu'à la fin de sa vie, et les conséquences désastreuses de cet état la détruisent. Pour guérir cette sorte d'ignorance, nous devons en explorer les racines. Si la cause de l'ignorance composée d'un individu est une tendance à un esprit tordu, le meilleur remède pour lui est d'apprendre quelques sciences exactes, telles que la géométrie ou l'arithmétique, ce qui devrait permettre à son esprit de se débarrasser de ses confusions et de son inertie mentale, et devrait le conduire vers la stabilité, la clarté et la modération. De cette façon, l'ignorance composée se transforme en une ignorance simple, et l'individu peut alors être motivé pour l'acquisition de la Connaissance. Et si la cause du vice réside dans la façon de raisonner de l'individu, celui-ci doit comparer son raisonnement avec celui d'hommes de recherche et de pensée claire, afin qu'il puisse découvrir son erreur. Et enfin, si la cause de l'ignorance de l'individu est autre, tels un préjugé ou une imitation aveugle, il doit s'efforcer de l'éliminer.

2- La perplexité et le doute

Une autre maladie qui affecte le pouvoir de l'intellect est le vice du doute et de la perplexité, qui rend celui qui s'en trouve atteint incapable de distinguer le bien du mal, le Droit Chemin de l'erreur. Cette maladie est normalement provoquée par l'apparition d'un certain nombre d'éléments de conviction contradictoires, ce qui sème la confusion dans son esprit et l'empêche de parvenir à une conclusion définitive.

Pour guérir de cette maladie, l'individu doit tout d'abord considérer les principes axiomatiques de la logique, tels la loi de la contradiction, le principe selon lequel le tout est toujours plus grand que n'importe laquelle des parties qui le composent, la loi de l'identité, etc. et fonder tout son raisonnement par la suite sur ces principes, ce qui devrait l'amener à réaliser que la Vérité est une, et qu'excepté cette unique Vérité toutes les autres conclusions sont fausses. De cette manière, il pourra éliminer du tissu des pensées contradictoires celles qui le désorientent.

- La Certitude

A l'opposé de l'ignorance, de la perplexité et du doute, il y a la Certitude, laquelle n'est rien d'autre qu'une conviction certaine et éternelle qui, étant en conformité avec la réalité, ne peut être ébranlée par aucun doute, si fort soit-il. Cela est particulièrement important en ce qui concerne la éologie et ses différentes branches. En d'autres mots, la Croyance en l'Existence d'Allah, en Ses Attributs négatifs et positifs, en la Prophétie et la Résurrection, et en tout ce qui s'y rapporte, doit être si forte qu'elle ne saurait être ébranlée par aucun doute. L'état de Certitude est l'un des états les plus hauts possibles pour l'homme, et il n'est atteint que par fort peu d'êtres humains.

Selon un hadith attribué au Prophète (S) :

- "La Certitude est une Croyance complète." (16)

L'Imam Jacfar al-Câdiq (P) a dit :

- "Allah, le Suprême, par Sa Justice Suprême, a associé le bonheur et le confort à la Certitude et au Contentement, et IL a accouplé le chagrin et la douleur au doute et au ressentiment." (17)
 
 

i) Les signes des hommes de conviction

Il y a certains signes associés à l'état de Certitude, à travers lesquels chacun peut se tester pour déterminer son degré de conviction. Ces signes sont :

1- Compter sur Allah dans ses affaires, et ne travailler que pour LE satisfaire. En d'autres termes, on doit croire fermement que :

- "Il n'y a pas de pouvoir ni de puissance (dans ce monde) en dehors de ceux accordés par Allah, Le Plus-Haut, Le Plus-Grand." (18)

2- Humilité devant Allah, intérieurement et extérieurement, en tous temps et dans toutes les circonstances, et obéissance à Ses Commandements, jusque dans le plus petit détail.

3- La possession de pouvoirs extraordinaires -presque miraculeux- grâce au fait d'être proche d'Allah (à condition que cela se produise après qu'on se soit rendu compte combien on est insignifiant et faible devant la Grandeur et la Majesté d'Allah).

ii) Les stades de Certitude

- cilm al-yaqîn

Ce qui est certain et conviction permanente. Il est pareil à la conviction d'un homme qui, lorsqu'il voit la fumée, croit avec certitude qu'il y a également le feu.

- cayn al-yaqîn

C'est apercevoir quelque chose avec l'oeil -externe ou interne. Et pour reprendre l'exemple précédent, il est comme la conviction d'un homme qui voit non seulement la fumée, mais le feu également.

- haqq al-yaqîn

C'est l'état de Certitude acquis lorsqu'une sorte d'union spirituelle et réelle existe entre le connaisseur et la chose connue. Ce pourrait être le cas lorsque, par exemple, quelqu'un se trouve au milieu du feu dans l'exemple précité. Cela s'appelle "l'union entre le connaisseur et le connu". Pour atteindre l'état de "haqq al-yaqîn", on doit remplir certaines conditions nécessaires, qui sont les suivantes :

a) L'âme de l'individu doit avoir la capacité de recevoir et de comprendre ces vérités. L'âme de l'enfant, par exemple, ne peut pas comprendre la réalité des choses.

b) L'âme ne doit pas être polluée par la corruption et le péché.

c) On doit concentrer son attention sur l'objet en question, et l'esprit doit être dégagé de toute pollution d'intérêts bas et relatifs à ce bas-monde.

d) On doit être dépouillé de toute sorte d'imitation et de préjugés aveugles.

e) Pour atteindre ce but, des préliminaires pertinents et nécessaires doivent être accomplis.

3- Le chirk (polythéisme)

Le chirk est une autre maladie sérieuse de l'âme, et il est une branche de l'ignorance. Il consiste à croire que d'autres forces, en plus d'Allah, jouent un rôle dans la direction des affaires du monde. Si quelqu'un adore ces forces, il commet ce qu'on appelle "chirk cibâdî" (polythéisme dans l'adoration), et si quelqu'un leur obéit, on appelle son acte "chirk itâcî" (polythéisme dans l'obéissance). La première sorte de polythéisme s'appelle aussi "chirk jalî" (polythéisme manifeste), et la seconde, "chirk khafî" (polythéisme caché). Il est possible que le Verset coranique :

- "La plupart d'entre eux ne croient en Allah qu'en LUI associant d'autres divinités." (12 : 106) (19)

fasse référence à cette sorte de chirk.

- Le tawhîd (monothéisme)

A l'opposé du chirk, il y a le "tawhîd" (monothéisme), qui signifie qu'il n'y a pas dans l'univers d'autre force que Celle du Tout-Puissant Allah. Le tawhid a plusieurs stades, qui sont :

a) L'acceptation ou l'admission verbale du tawhîd, en l'occurrence, la profession de la formule :

- "Il n'y a de dieu qu'Allah" (20)

sans y croire intérieurement.

b) Croire du fond du coeur, après avoir prononcé verbalement l'attestation d'adhésion au monothéisme ci-dessus mentionnée.

c) Réaliser l'Unicité d'Allah par épiphanie et par expérience surnaturelle. En d'autres termes, on découvre que la vaste multiplicité des créatures dérivent leur existence d'Allah L'Unique, et on reconnaît qu'il n'y a pas d'autre pouvoir à opérer dans l'univers que Celui d'Allah.

d) On ne voit rien dans le monde, excepté L'Etre Divin, et on perçoit toutes les créatures comme étant des émanations et des reflets de Cet Etre.

Ces stades de croyance au tawhîd nous conduisent à reconnaître la cause de la maladie du chirk. La raison originelle du chirk est l'immersion dans le monde matériel et l'oubli d'Allah. Pour en guérir, on doit méditer sur la création des Cieux et de la Terre, et sur les myriades de créatures d'Allah. Cela peut susciter en nous l'appréciation de la Gloire d'Allah. Plus notre méditation et notre contemplation sur la beauté de l'univers et le mystère de sa création est profonde, plus notre Foi en l'Existence et l'Unicité d'Allah sera grande. Le Coran dit :

- "Pour ceux qui pensent à Allah, debout, assis ou couchés, et qui méditent sur la création des Cieux et de la Terre, (en disant) : "Notre Seigneur ! TU n'as pas créé tout ceci en vain ! Gloire à TOI ! Préserve-nous du Châtiment du Feu." (3 : 191) (21)

L'Imam al-Redha (P) a dit :

- "L'adoration ne consiste pas à prier et à jeûner beaucoup, mais à méditer beaucoup sur la Création d'Allah." (22)

4- Les tentations sataniques et la conscience

Tout ce qui entre dans la conscience humaine vient soit par l'intermédiaire des Anges de bienfait, soit par l'intermédiaire du diable. Dans le premier cas, c'est une inspiration (ilhâm), dans le second, c'est la tentation (waswâs). L'âme humaine est un champ de bataille dans lequel l'armée des Anges et l'armée des diables sont rangées en ordre de bataille, et l'homme a le choix de fortifier l'une ou l'autre. Si c'est l'armée des diables qui est renforcée, l'homme fera l'objet de tentations démoniaques et ses actions extérieures vont refléter sa condition intérieure. Mais si c'est l'armée des Forces Divines qui est consolidée, l'homme deviendra l'incarnation des Attributs et des Caractéristiques Divins.

Le Saint Coran relate comment Satan (Iblîs) a juré d'égarer les êtres humains et de les amener au péché :

- "Il dit : "A cause de l'aberration que TU as mise en moi, je les guetterai sur Ta Voie Droite. Puis je les harcèlerai, par-devant et par-derrière, sur leur gauche et sur leur droite. TU ne retrouveras, chez la plupart d'entre eux, aucune reconnaissance." (7 : 16-17) (23)

A propos des gens qui cèdent au diable, le Saint Coran dit :

- "Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent rien ; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas ; ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas. Voilà ceux qui sont semblables aux bestiaux, ou plus égarés encore. Voilà ceux qui sont insouciants." (7 : 179) (24)

Et à propos de ceux qui ne sont pas influencés par le diable, le Coran dit :

- "Quant à ceux qui auront cru en Allah et qui se seront placés sous Sa protection, IL les introduira

bientôt dans Sa Miséricorde et dans Sa Grâce, et IL les dirigera vers LUI, dans un Chemin Droit." (4 : 175) (25)

Le moyen de combattre les tentations démoniaques est la délibération sur l'Au-delà. Si on médite sur les conséquences qu'entraîne le fait de suivre le conseil du diable, et sur ce que l'avenir nous réserve à cause de notre obéissance à celui-ci, nous trouverons le Droit Chemin et serons libérés des tentations démoniaques. Lorsque nous aurons trouvé la Voie Droite, Allah viendra à notre aide et nous guidera vers l'ultime bonheur et la félicité, comme IL nous l'a fait savoir clairement dans le Verset coranique ci-dessus.

5- La tricherie et la sournoiserie

La sournoiserie est un autre vice appartenant au pouvoir de l'intellect, et apparaît par l'action des désirs sataniques et diaboliques des pouvoirs de la passion et de la colère. La sournoiserie, la tricherie, est définie comme un complot conscient contre les autres et comme l'élaboration de plans détaillés et minutieux en vue de leur nuire. Ce vice est fatal, parce que l'individu qui en serait atteint est compté comme un membre du parti du diable. Le Saint Prophète (S) dit à ce propos :

- "Quiconque complote contre un Frère Musulman n'est pas de nous (n'est pas Musulman)." (26)

Le moyen de guérir cette maladie est que celui qui en est atteint doit prendre conscience des conséquences dangereuses de ce vice et se mettre dans la tête que quiconque creuse un fossé pour les autres y tombera un jour lui-même, subissant ainsi la punition qu'il mérite, dans ce monde même. Il doit se demander pourquoi au lieu d'être bon et bienveillant envers les autres, il complote contre eux.


II - Les maladies du pouvoir de colère et leur traitement
 

Comme il a été noté plus haut, le pouvoir de colère a trois états : déficience, modération et excès, dont chacun sera abordé en détail ci-après.

A) La condition d'excès

- La témérité

La témérité, une des maladies du pouvoir de colère, est une imprudence menant à des situations dangereuses et mortelles malgré les avertissements de la raison et de la Religion.

Le Saint Coran l'interdit explicitement dans les termes suivants :

- "Ne vous exposez pas, de vos propres mains, à la destruction." (2 : 195) (27)

Le moyen de guérir la témérité est de penser soigneusement, avant de se lancer dans n'importe quelle action, pour savoir si celle-ci est conforme ou non à la raison et à la Religion. Si elle est conforme, on peut l'entreprendre, mais si elle est désapprouvée par l'une d'elles, on doit s'en abstenir. Il est même nécessaire de s'abstenir de toute action qui comporte ne serait-ce qu'un danger minime, afin de diminuer sa propension pour la témérité. On doit maintenir cette attitude jusqu'à ce qu'on soit certain qu'on est complètement guéri de ce vice, et jusqu'à ce que la condition de modération, c'est-à-dire le Courage, soit atteinte. Une fois arrivé à cet état, on doit essayer de le préserver.

B) La condition de déficience

- La lâcheté

La lâcheté est une attitude timide face à une situation qui appelle une action violente. Elle est à l'opposé du tempérament de colère et de violence, et a pour origine un sentiment d'infériorité, d'irrésolution, de mélancolie et de manque de confiance en soi. Le Prophète (S) dit à ce propos :

- "O Allah ! Je me protège auprès de TOI contre l'avarice et la lâcheté." (28)

Le moyen de guérir la lâcheté consiste à stimuler en soi-même le tempérament de colère et de violence, et suivre un cours d'action violente quand cela n'est pas très dangereux, et ce jusqu'à ce que l'âme arrive à l'état de Courage, lequel est la condition modérée du pouvoir de colère. On doit ensuite prendre garde de ne pas s'écarter de l'état de modération vers la condition d'excès.

C) L'état de modération

- Le Courage

Le Courage est la manifestation du pouvoir de colère dans son état de modération, et il est défini comme étant la soumission du pouvoir de colère au pouvoir de l'intellect. Cette soumission est le plus admirable trait et elle est la cause de nombreuses Vertus spirituelles. On y accède après un combat réussi contre la témérité et la lâcheté, combat qui exige une persévérance constante et des exercices soutenus.

D) D'autres vices du pouvoir de colère

Le pouvoir de colère peut être atteint de dix-sept vices divers que nous allons décrire brièvement ci-après.

1- La peur

La peur est une attente inquiète de l'arrivée de quelque chose de déplaisant. Par exemple, on peut avoir peur de prendre le bateau ou de dormir seul dans une maison. Il est évident qu'il y a une différence entre la lâcheté et la peur.

La peur est de deux sortes. Primo, il y a la peur d'Allah et la peur des péchés et de la Punition Divine. Secundo, il y a la peur d'autres choses qu'Allah. La première sorte de peur est louable et conduit l'homme à la Perfection, alors que la seconde sorte est un vice indésirable suscité par la maladie de la lâcheté.

La peur impropre est suscitée par la possibilité que quelque chose de déplaisant puisse arriver soit à soi-même, soit à un être cher. Par exemple, on peut avoir peur de la mort, d'un danger fatal, des cadavres, des démons, etc. La cause originelle de ces peurs est une faiblesse spirituelle qui peut être enrayée par un auto-examen. Par exemple, si quelqu'un réalise qu'il ne peut rien faire pour prévenir un danger certain ou probable de mort, et que cette peur ne sert pas à le prévenir, il perdra peu à peu sa peur. Si sa peur de la mort est suscitée par un attachement excessif à la vie et aux choses matérielles, il doit s'efforcer de réduire cet attachement.

Certaines peurs ont des causes imaginaires. Il en va ainsi de la peur de l'obscurité et des cadavres. Dans de tels cas de peur, on doit se débarrasser de ses imaginations et renforcer son âme.

- La Crainte d'Allah

La sorte de peur appropriée et louable est celle de la Majesté et de la Grandeur d'Allah. Cette peur s'appelle aussi "khachiyah" ou "rahbah". C'est aussi le cas de la peur des péchés qu'on a commis et de leur punition. Plus cette peur est grande, plus elle peut contribuer au développement et à la perfection spirituels de l'individu. De plus, plus grande et plus profonde est la compréhension ou la connaissance d'Allah, plus grande sera notre peur de la Puissance d'Allah. Le Saint Coran dit :

- "... Parmi les serviteurs d'Allah, ceux qui LE craignent sont surtout les Savants..." (35 : 28) (29)

Ainsi, dans les hagiographies, nous apprenons que des Saints tombent en syncope, et cela à cause de l'intensité de leur peur d'Allah.

L'intense peur d'Allah est la meilleure force de contrôle sur l'esprit humain ; parce qu'elle affaiblit les désirs lascifs et égoïstes, préserve l'homme pieux de la rébellion et du péché, et domestique le coeur de l'homme pour l'amener à la soumission aux Commandements d'Allah. De plus, la peur d'Allah annihile toutes les autres peurs, renforce l'homme pour faire face à l'injustice, à la tyrannie et à l'oppression. Parlant de cette catégorie de gens, le Saint Coran dit :

- "... Ils ont la sécurité et ils sont bien dirigés..." (6 : 82) (30)

Et :

- "... Ne craignez pas les hommes ; craignez-Moi..." (5 : 44) (31)

Et :

- "... Allah est satisfait d'eux ; ils sont satisfaits de LUI : voilà pour celui qui redoute son Seigneur." (98 : 8) (32)

Et :

- "Quant à celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et qui aura préservé son âme des passions, le Paradis sera son refuge." (79 : 40-41) (33)

Et le Prophète (S) a dit :

- "Quiconque redoute Allah, Allah fera en sorte que toute chose le redoutera, et quiconque ne redoute pas Allah, Allah le fera redouter toute chose." (34)

En tout cas, il y a d'innombrables Versets coraniques et ahadith qui soulignent le mérite de la Crainte d'Allah. Mais le souci de la brièveté nous empêche de les énumérer ici.

Il faut avoir en vue que même en craignant Allah, on doit prendre garde de rester dans les limites de la modération, afin que la Crainte d'Allah ne conduise pas l'homme à perdre tout espoir dans Sa Miséricorde et Sa Compassion, étant donné que perdre espoir en la Miséricorde et la Compassion d'Allah est en soi un péché. Le Coran dit :

- "Qui donc désespère de la Miséricorde de son Seigneur, sinon ceux qui sont égarés ?" (15 : 56) (35)

Si la Crainte d'Allah atteint un tel degré extrême, elle devrait alors être contrebalancée par le "rajâc" (l'espoir) dans la Pitié d'Allah, car avec ces deux ailes, celle de l'espoir et celle de la Crainte, on peut s'élever aux plus hauts niveaux de la Perfection humaine. Le Saint Coran dit, en effet, à ce propos :

- "Informe Mes serviteurs que JE suis, en Vérité, Celui Qui pardonne, Le Miséricordieux, et que Mon Châtiment est le Châtiment douloureux." (15 : 49-50) (36)

2- Se déprécier, ou avoir un complexe d'infériorité

Ce vice, causé par la lâcheté, est une condition qui survient lorsqu'un individu, manquant du courage pour intervenir positivement dans une affaire importante, s'abstient d'assumer des responsabilités sociales, telles que persuader autrui d'accomplir de bonnes actions et l'empêcher de commettre de mauvaises actions.

Le traitement de cette maladie est le même que celui décrit à propos de la lâcheté. L'individu atteint de ce vice moral doit savoir qu'un vrai Croyant en Allah ne fait jamais l'objet de disgrâce, et qu'Allah accorde honneur et dignité au Croyant. Le Saint Coran dit à ce propos :

- "... L'honneur appartient à Allah, à Son Messager et aux Croyants..." (63 : 8) (37)

Il y a une Tradition qui dit :

- "Allah a assigné au Croyant le devoir de supporter tout sauf l'auto-humiliation." (38)

Le caractère opposé à l'auto-dépréciation est la force de caractère et le respect de soi, c'est-à-dire que l'on doit acquérir un tempérament imperméable à toute chose, plaisante ou douloureuse, le compliment ou le blâme par exemple. Selon l'Imam al-Bâqir (P) :

- "Un vrai Croyant est plus inébranlable que la montagne." (39)

Selon une autre Tradition, le même Imam al-Bâqir (P) a dit :

- "Allah a doté le Croyant de trois qualités : l'honneur dans ce monde et dans l'Au-delà, le Salut dans les deux mondes, et la crainte qu'il inspire aux coeurs des oppresseurs." (40)

3- Le manque d'assurance

C'est un sentiment d'infériorité résultant d'une absence d'effort en vue d'atteindre aux sommets de la Perfection ouverts à l'être humain, et d'une tendance à se contenter de petites réalisations. Il est à l'opposé de la confiance en soi, laquelle traduit la volonté de faire un effort en vue d'atteindre la félicité dans ce monde et dans l'Autre Monde, et de parvenir à la Perfection. Cette vertu de confiance en soi découle des qualités de fermeté, de Courage et de respect de soi-même. Le traitement du manque d'assurance est subsidiaire à celui de la maladie de la lâcheté, laquelle est la mère de tous les vices de cette catégorie.

4- Le manque de sens de la dignité

Ce vice consiste en un manque d'attention suffisante aux questions qui mériteraient qu'on leur prête attention, tels que la Foi, l'honneur, les enfants et la propriété. Ce vice découle d'une faiblesse de caractère et d'un complexe d'infériorité. A son opposé, il y a le sens de l'honneur, vertu louable chez l'homme. Aux yeux de la Religion, ce sens de l'honneur implique un effort en vue de l'immuniser contre la déviation, un zèle pour sa propagation, un souci de se conformer soi-même aux Lois religieuses et d'encourager les autres aussi à les suivre.

En ce qui concerne l'honneur personnel d'un individu, il signifie la sauvegarde du respect de soi et un effort en vue de préserver son honneur. En ce qui concerne les enfants d'un individu, le sens de la dignité signifie que le père doit satisfaire leur droit à l'éducation et à un développement éthique et culturel sérieux, afin qu'ils puissent recevoir de bonne heure une éducation morale qui deviendra une part intégrante de leur personnalité. L'Islam accorde une grande importance aux devoirs des parents d'éduquer et d'élever leurs enfants. Cette question est abordée en détail dans des livres de Traditions.

En ce qui concerne la propriété et la possession, la dignité signifie que l'on doit toujours les considérer comme étant une partie de la Bénédiction d'Allah et comme un dépôt confié par Allah à l'homme. Celui-ci doit s'abstenir de les dépenser avec extravagance, et s'en servir pour s'acquitter de ses devoirs religieux, sans oublier de penser aux nécessiteux.

5- La précipitation

C'est un état dans lequel on se trouve poussé à prendre une décision brusque ou à entreprendre une action brusque, sans réfléchir suffisamment. Cette condition aussi est une conséquence de la faiblesse de caractère et d'un complexe d'infériorité. Son opposé est la vertu de réflexion dans l'action et dans la parole. Le résultat de la précipitation est nuisible, et elle aboutit au remords et à la repentance. Dans beaucoup de cas, le dommage consécutif à une action hâtive est irréversible.

Pour traiter le vice de la précipitation, on doit prendre conscience de ses conséquences désastreuses, et s'habituer à une conduite digne et réfléchie.

6- Le ressentiment envers le Créateur et Sa Création

C'est une condition qui survient lorsqu'un individu garde rancune et cynisme à l'égard d'Allah, de Sa Créature et de leurs réalisations, interprétant tout d'une façon négative. Ce vice aussi est une conséquence de la lâcheté et le produit d'un complexe d'infériorité ; car une personne faible de caractère agit selon les impressions que son imagination peut produire. Il y a, à l'opposé de ce trait de caractère, la bonne volonté et la confiance en Allah et dans les hommes, ce qui veut dire adopter une attitude favorable envers toute chose, sauf s'il y a une preuve évidente du contraire. Le Coran dit à cet égard :

- "Vous vous êtes fait une fausse idée, et vous étiez un peuple perdu." (48 : 12) (41)

L'Imam cAli (P) a dit :

- "Pensez positivement à ce que fait votre Frère, à moins que vous n'ayez une preuve qui vous conduit à penser le contraire. Ne mettez pas en doute ce qu'il dit aussi longtemps qu'il est possible pour vous de le considérer (ce qu'il dit) comme étant juste." (42)

Le moyen de neutraliser ce vice est de négliger tout ce qu'on pourrait voir ou entendre à propos d'un Frère dans la Foi, et de maintenir à son sujet une opinion favorable et d'observer une attitude respectable et affectueuse à son égard.

7- La colère

La colère est l'une des conditions de l'âme, et elle a trois états :

a) L'état d'excès, lequel est défini comme étant ce qui met quelqu'un hors des limites de la Religion et de ses Lois.

b) L'état de déficience, lequel est défini comme étant l'état où l'on manque d'entreprendre une action violente même si elle est nécessaire pour son auto-défense.

c) L'état de modération. C'est l'état dans lequel la colère est stimulée dans des circonstances appropriées et admissibles.

Il est donc clair que le premier et le deuxième états sont au nombre des vices de l'âme, alors que le troisième fait partie des vertus éthiques découlant du Courage.

La colère excessive est une maladie fatale, et elle est considérée comme une sorte de folie temporaire. Lorsqu'elle s'apaise, elle est immédiatement suivie de remords et de repentance, ce qui représente des répliques saines d'une personne rationnelle.

L'Imam cAli (P) a dit :

- "La colère est un coup de folie, tant que celui qui en est atteint éprouve par la suite remords et regrets. Mais si quelqu'un n'éprouve pas de remords et de regrets après la colère, cela signifie que sa folie est devenue constante." (43)

D'ailleurs, l'absence totale de colère est aussi un vice qui amène l'homme vers l'humiliation, la subjugation et l'incapacité à défendre ses droits. Pour guérir une colère excessive, on doit enrayer ses causes. Ces causes pourraient être l'orgueil, l'égoïsme, l'entêtement, l'avidité et d'autres vices semblables. On doit également considérer comment est une colère excessive et comment pourraient être ses conséquences. Ensuite, on doit examiner les avantages de l'endurance et du sang-froid, et fréquenter les gens qui possèdent ces qualités. On doit penser aussi que la Force d'Allah est Suprême, et que tout est sous Ses Ordres, ce qui devrait amener l'homme à se rendre compte de sa faiblesse par rapport à la Puissance Infinie d'Allah. Enfin, on doit savoir que celui qui est en état de colère n'est pas aimé d'Allah, et qu'en plus il peut commettre quelque chose dont il aura honte par la suite.

Ce qui est à l'opposé de la colère, c'est la clémence et l'endurance -caractéristiques qui comptent parmi les qualités parfaites de l'âme. Ces deux qualités rendent celui qui les possède pardonneur et clément, bien qu'il puisse être tout à fait capable de se venger. Le Coran dit :

- "Pratique le pardon ; ordonne le bien, et écarte-toi des ignorants." (7 : 199) (44)

Et le Prophète (S) a dit :

- "Le pardon élève la position de l'homme. Pardonne, pour qu'Allah t'honore." (45)

8- La violence

La violence consiste en le recours à une force furieuse et destructrice, soit en paroles, soit en actes, et elle est l'une des conséquences de la colère. Son opposé est la vertu de la douceur, laquelle émane de la patience. S'adressant au Prophète (S), le Coran dit à ce propos :

- "Tu as été doux à leur égard par une Miséricorde d'Allah. Si tu avais été rude et dur de coeur, ils se seraient séparés de toi." (3 : 159) (46)

Et, selon le Prophète (S) :

- "Lorsqu'Allah aime Ses serviteurs, IL les dote du trait de l'amitié ; et quiconque manque de ce trait, manquera de toutes les autres Bénédictions." (47)

Le Prophète  (S) a dit également :

- "La considération et la bonté à l'égard des gens constituent la moitié de la Foi." (48)

9- Le mauvais caractère

Ce vice aussi découle de la colère, et il est à l'opposé du bon caractère. Il conduit les gens à s'éloigner de celui qui en est atteint, et il ne lui apporte que faillite dans ce monde et dans l'Autre. Il détruit de plus toutes les bonnes actions qu'on aurait accomplies. Le Prophète (S) dit à ce propos :

- "Le mauvais caractère détruit les bonnes actions, tout comme le vinaigre abîme le miel." (49)

S'adressant au Prophète (S), le Coran lui dit :

- "Tu es d'un caractère sublime." (68 : 4) (50)

10- La rancune

La rancune aussi est causée par la colère, et elle est complexe constitué une fois la colère disparue. Elle a de mauvaises conséquences, telles que la jalousie et la rupture des relations avec celui contre lequel elle est dirigée, et elle peut déboucher sur une attaque physique contre lui, des remarques illégitimes sur lui, des mensonges à son propos, des médisances, des calomnies, la divulgation des secrets personnels et intimes, etc.

Parfois la rancune s'extériorise et se manifeste sous forme d'hostilité nette, conduisant à l'affrontement, au combat, aux injures et aux invectives, et tout cela constitue bien des vices fatals.

Le moyen de guérir cette maladie spirituelle est que la personne qui en souffre doit tout d'abord comprendre que le sentiment de rancune nuit à celui qui le garde dans son coeur beaucoup plus qu'à celui contre lequel il est dirigé. Ensuite, elle doit décider d'adopter une attitude fraternelle et serviable envers celui contre lequel elle éprouve de la rancoeur, et faire de bonnes choses pour lui-même, si ses émotions la poussent à faire le contraire. Elle doit maintenir cette attitude envers lui jusqu'à ce qu'elle se soit défaite de cette maladie.

11- L'orgueil et la vanité

C'est là un autre vice du pouvoir de colère. C'est un état dans lequel un homme a une haute idée de lui-même en raison d'un certain avantage réel ou imaginaire dont il bénéficierait. D'un autre côté, il manque de reconnaître les Attributs de Perfection d'Allah, Lequel est la Source de toute chose. Un grand nombre de Traditions soulignent les maux de ce trait de caractère. L'une de ces Traditions attribue au Saint Prophète (S) cette parole :

- "Même si vous ne commettez aucun péché, je crains que vous ne tombiez dans ce qui est pire, à savoir l'orgueil ! L'orgueil !" (51)

Les mauvais effets de l'orgueil et de la vanité sont : l'arrogance, l'oubli et la négligence de ses propres fautes -et donc l'omission de les corriger-, la dépréciation des bonnes actions de l'orgueilleux aux yeux d'Allah et des gens, l'absence de gratitude à l'égard des Bénédictions d'Allah -et par conséquent le risque de les perdre-, l'omission de poser des questions à propos des choses qu'on ignore -et par conséquent le risque de rester dans l'ignorance-, et finalement le fait d'avoir des opinions incorrectes et sans fondement, et de les proclamer.

Pour guérir un individu de cette maladie, il est nécessaire qu'il tourne son attention vers Allah et qu'il LE connaisse. Lorsqu'il se rendra compte que seul L'Omnipotent Créateur mérite adoration et louange, et qu'il n'est, lui, rien par rapport à la Majesté d'Allah, qu'il n'a absolument rien qu'il puisse appeler sien propre, et que même des êtres qui sont de très loin supérieurs à lui, tels les Prophètes et les Anges, ne sont rien par comparaison avec Allah, il aura conscience qu'il est absurde d'être orgueilleux et vaniteux, et qu'il doit se considérer tel qu'il est réellement : une créature insignifiante d'Allah.

Lorsque l'homme aura médité sur ses débuts -une simple goutte de sperme- ainsi que sur sa fin -une poignée de terre-, ainsi que sur le bref intervalle de sa vie -une misérable créature portée aux maladies et dominée et dirigée par la concupiscence et les instincts, il n'oubliera pas seulement sa vanité, mais même sa propre personne, et il dévouera tout son être à l'adoration d'Allah. Le Saint Coran dit à ce propos :

- "Que l'homme périsse ! Quel impie ! Comment Allah l'a-t-IL créé ? D'une goutte de sperme. Il l'a créé et IL a fixé son destin ; puis IL a rendu son chemin facile ; IL l'a fait mettre au tombeau ; puis IL le ressuscitera, quand IL le voudra." (80 : 17-22) (52)

Et comme le dit ce distique d'un poète Persan :

- "Ne te vante pas de ta richesse et de ta prestance, car la première pourrait être emportée une nuit par les voleurs, et la seconde pourrait s'évanouir par un seul coup de fièvre." (53)

On doit garder présent à l'esprit que la vanité et l'orgueil peuvent être engendrés lorsqu'on est favorisé par les Bénédictions Divines, telles que le Savoir, la dévotion, la piété, la Foi, le Courage, la générosité, la patience, une ascendance honorable, la beauté, une bonne santé, la force, la position élevée, l'intelligence, et ainsi de suite. Pour éviter un tel risque, on doit toujours se rappeler ses propres faiblesses et défauts ; un tel rappel nous aidera à prévenir l'orgueil.

Ce qui est à l'opposé de l'orgueil et de la vanité, c'est la modestie, laquelle est le trait de caractère le plus méritoire, qui conduit à l'édification de l'âme et à la Perfection de l'homme.

12- L'arrogance

L'arrogance est l'une des conséquences de la vanité et de l'orgueil. Lorsqu'un individu a une idée trop haute de lui-même, on dit qu'il est orgueilleux, et lorsque, en plus, il a tendance à considérer les autres comme lui étant inférieurs, il devient arrogant. A l'opposé, lorsque quelqu'un pense qu'il est petit et insignifiant, on dit qu'il est modeste ; et si en plus il considère les autres comme lui étant supérieurs, cela s'appelle humilité.

En tout état de cause, l'arrogance est l'un des vices les plus fatals, parce qu'elle est un voile épais qui cache à l'individu qui en est atteint ses propres défauts et, ce faisant, l'empêche de s'en débarrasser et d'atteindre à la Perfection. Le Saint Coran dit à cet égard :

- "... Ainsi, Allah met un sceau sur le coeur de tout tyran orgueilleux." (40 : 35) (54)

Et :

- "J'écarterai bientôt de Mes Révélations ceux qui, sur la Terre, s'enorgueillissent." (7 : 146) (55)

Et le Prophète (S) a dit :

- "Celui qui aura eu même une particule d'orgueil dans son coeur, n'entrera pas au Paradis." (56)

Le Prophète cIssa (P) a dit :

- "De même qu'une plante pousse dans un sol meuble, et non dans un sol rocailleux et dur, de même la Sagesse germe et se développe dans un coeur humble et tendre, et non dans un coeur dur et arrogant. Ne voyez-vous pas que l'homme qui garde la tête haute la cogne contre le plafond, alors que celui qui baisse la tête a le plafond comme ami et protecteur ?"

Le traitement de l'arrogance est le même que celui prescrit pour le vice de l'orgueil. Il y a un autre remède à ce vice, qui consiste à étudier les divers Versets coraniques et Traditions qui en traitent et le fustigent. On doit aussi persévérer dans une attitude d'humilité envers Allah et les hommes, fréquenter les pauvres et les déshérités, s'abstenir de porter des vêtements ostentatoires, s'habiller simplement, être en termes identiques avec les pauvres et les riches, saluer les gens chacun avec le respect dû à son âge, et s'abstenir de demander une place d'honneur dans une assemblée. Bref, on doit résister à tous les désirs qui contribuent à son arrogance.

A l'opposé de l'arrogance, il y a l'humilité, qui est l'une des vertus morales les plus louables. Le Saint Coran parle ainsi de la vertu de l'humilité :

- "Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur la Terre, et qui disent "Paix" aux ignorants qui s'adressent à eux." (25 : 3) (57)

Et :

- "Abaisse ton aile vers ceux des Croyants qui te suivent." (26 : 215) (58)

Il est à noter que l'humilité est le terrain moyen entre l'arrogance et l'abjection, et autant la première est un vice, autant la seconde l'est également. La différence entre l'abjection et l'humilité est claire. Donc, autant il est louable pour un homme d'être humble, autant c'est un vice pour lui que de s'abaisser.

13- La rébellion

C'est une forme d'arrogance, donc également un vice. Il s'agit de la rébellion contre tous ceux à qui il est nécessaire d'obéir, tels que les Prophètes et leurs lieutenants, les gouvernements légaux et légitimes, les instituteurs, les parents, etc. Une Tradition prophétique nous dit :

- "Le péché le plus rapidement punissable est la rébellion." (59)

Le Prophète (S) a dit aussi :

- "Il est du droit d'Allah de rabaisser toute chose qui se rebelle contre une autre chose." (60)

L'Imam cAli (P) a dit, pour sa part :

- "La rébellion conduit les rebelles en Enfer." (61)

Le moyen de traiter le vice de la rébellion pour quelqu'un qui en souffre, consiste à méditer sur la condition spirituelle et de se référer aux Traditions qui commandent l'obéissance légale, et en même temps à s'efforcer de développer en lui-même l'esprit d'humilité.
 
14- L'aveuglement vis-à-vis des fautes que l'on commet soi-même

C'est un autre résultat de la vanité et de l'orgueil. Il est à l'opposé de la conscience qu'on a de ses fautes et de ses défauts.

15- Le fanatisme

Le fanatisme est un autre vice moral qui conduit à la dégénérescence de l'esprit et de l'entendement celui qui en est atteint.

Ce mal peut se manifester en paroles ou en actions lorsqu'il s'agit des croyances religieuse de quelqu'un, de sa nation, sa tribu, sa famille, etc. Lorsque le fanatisme concerne des causes justes, il pourrait équivaloir au zèle et à l'enthousiasme, et il est plutôt louable. Mais lorsqu'il concerne des choses non convenables, il est franchement un vice.

Le Prophète (S) a dit :

- "Quiconque porte dans son coeur le moindre fanatisme, Allah le mettra avec les Arabes païens de l'époque jahilite (pré-islamique)." (62)

Le moyen de guérir le vice de fanatisme, c'est de se livrer à une introspection et de prendre conscience du fait que le fanatisme bloque le développement de l'individu et obscurcit sa vision et sa compréhension de la réalité. Donc, si le fanatique cherche à connaître la réalité, il doit se défaire de son fanatisme et s'efforcer d'examiner les choses d'une manière objective, sans parti pris.
 
16- La dissimulation de la vérité

Ce vice, qui consiste à faire de fausses déclarations et à dissimuler la vérité, découle du fanatisme, de la lâcheté et de la peur. Il peut découler aussi du désir de la richesse et d'autres motifs similaires. En tout état de cause, ce vice conduit à dévier du Droit Chemin et provoque la dégénérescence morale. A l'opposé de ce vice, il y a la révélation de la vérité et la fermeté sur le Droit Chemin. Il y a de nombreux ahadith et Versets coraniques qui condamnent la dissimulation de la vérité, et qui louent la véracité. Voici quelques-uns des Versets coraniques qui abordent le plus clairement et le plus directement ce sujet :

- "Pourquoi dissimulez-vous la Vérité sous le mensonge ? Pourquoi cachez-vous la Vérité, alors que vous savez ?" (3 : 71) (63)

- "Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu'il a reçu d'Allah ?.." (2 : 140) (64)

- "Ceux qui cachent les Signes manifestes et la Direction que Nous avons révélée depuis que Nous les avons fait connaître aux hommes au moyen du Livre : voilà ceux qu'Allah maudit, et que maudissent les maudisseurs." (2 : 159) (65)

Pour guérir de ce mal, on doit noter que ce trait de caractère suscite la Colère Divine, et qu'il peut conduire au kufr (infidélité). En outre, on doit méditer sur les avantages qu'il y a à être véridique, et s'efforcer de le devenir.
 
17- Le manque de coeur et la cruauté

Lorsqu'un individu est atteint du vice de manque de coeur et de cruauté, il est insensible aux souffrances et à la tristesse de ses semblables. A l'opposé de ce vice, il y a la vertu de la Miséricorde et de la Compassion. Il y a beaucoup de Versets coraniques qui fustigent ce vice et qui louent la vertu de l'amour et de la Compassion.

Le traitement de cette maladie est très difficile, parce que la cruauté et le manque de coeur se gravent dans le caractère et deviennent chroniques et difficilement guérissables. Le meilleur moyen de guérir cette maladie consiste pour le malade à éviter avant tout les actions cruelles qui sont les manifestations extérieures de ce vice. le malade doit ensuite faire un effort en vue de partager les difficultés que rencontrent les autres, et de considérer leurs problèmes comme étant les siens propres. En outre, il doit réagir d'une façon appropriée à de telles situations, jusqu'à ce qu'il commence progressivement à sentir la saveur de la Compassion, faisant de celle-ci peu à peu une partie de lui-même.


III - Les maladies du pouvoir de passion et leur traitement
 

La troisième des quatre sections de ce livre traite des maladies du pouvoir de passion, et de leur traitement. Ces maladies sont de dix sortes. Nous allons aborder ci-après brièvement chacune d'elles.

1- L'amour de ce monde

La meilleure définition de ce vice et de l'attachement aux biens éphémères de ce monde se trouve sans doute dans le Verset coranique suivant :

- "L'amour des biens convoités est enjolivé aux hommes ; tels sont les femmes, les enfants, les lourds amoncellements d'or et d'argent, les chevaux racés, le bétail, les terres cultivées : c'est là une jouissance éphémère de la vie de ce monde, mais c'est chez Allah qu'on trouve la meilleure ressource." (3 : 14) (66)

Il faut tout d'abord garder présent à l'esprit que tous les biens mentionnés dans ce Verset coranique étant des Bénédictions Divines, ne peuvent être condamnés. En outre, une utilisation convenable de ces Bénédictions Divines n'a rien de répréhensible. Toutefois, ce qui est condamnable, c'est de s'attacher à ces biens et de leur accorder une importance fondamentale dans notre vie -importance qui pourrait dépasser celle que nous accorderions à Allah. Mais si ces biens ne prennent pas la place d'Allah dans notre vie, et qu'ils soient utilisés comme un moyen d'atteindre à l'auto-développement et à la proximité d'Allah, non seulement ils ne seraient pas blâmables, mais plutôt hautement désirables. Donc, la condamnation ou les louanges des biens de ce monde, que nous rencontrons dans le Coran ou les ahadith, se rapportent au type d'usage qu'on en fait. Si quelqu'un fait du monde d'ici-bas et de ses biens son idole, et qu'il y met tout son espoir au point d'oublier Allah et l'Au-delà, alors nous pouvons dire qu'un tel individu est devenu victime de la maladie de "l'amour de ce monde". Dans un hadith, le Prophète (S) décrit dans les termes suivants les traits des "amoureux de ce monde" :

- "Celui qui se réveille en ayant toute son attention concentrée sur ce monde est coupé d'Allah, et Allah accable son coeur de quatre malheurs : un souci éternel, une occupation infinie, un manque jamais satisfait, et un espoir qui ne se réalise jamais." (67)

Pour guérir de cette maladie, on doit méditer sur le fait que les biens de ce monde sont éphémères, et que ce qui reste d'un homme ce sont ses réalisations spirituelles, sa proximité d'Allah et les efforts faits en vue de se préparer à l'Au-delà.

2- L'amour de la fortune et de la richesse

Ce vice est une branche de la maladie de l'amour du monde d'ici-bas, et tout ce qui a été dit -de positif et de négatif- à propos du monde d'ici-bas peut s'appliquer à la richesse. Certains Versets coraniques et Traditions font l'éloge de la richesse, alors que d'autres la condamnent. Cependant, il n'y a pas de contradiction dans le fait que la richesse soit à la fois condamnée et louée, car les Versets et les Traditions qui la condamnent, condamnent en fait la richesse qui éloigne l'homme d'Allah et de l'Au-delà, alors que ceux qui font l'éloge de la richesse désignent celle qui sert à élever le caractère de l'homme et à le rapprocher d'Allah. Dans un Verset coranique, on peut lire :

- "O vous les Croyants ! Que vos richesses et vos enfants ne vous distraient pas du souvenir d'Allah ! Ceux qui agissent ainsi sont les perdants." (63 : 9) (68)

Dans un autre Verset, une nation est appelée à implorer le Pardon d'Allah, afin qu'IL lui accorde Ses Faveurs parmi les quelles figure la richesse :

- "... IL accroîtra vos richesses et le nombre de vos enfants ; IL mettra à votre disposition des Jardins et des ruisseaux." (71 : 12) (69)

Et selon des ahadith, le Prophète (S) aurait à la fois loué et condamné la richesse :

- "L'amour de la richesse et de la position sociale nourrit l'hypocrisie (nifâq) tout comme l'eau nourrit les plantes." (70)

- "Que c'est louable un bien justement acquis par un homme droit !" (71)

En tout cas, une richesse appropriée et propre est celle que l'on acquiert d'une façon licite, et que l'on utilise pour faire plaisir à Allah -le Hajj, le Jihâd, l'aide aux pauvres, et toutes sortes de charité servant au bien public.
 
 

- L'abstinence (zohd)

Le zohd, à l'opposé du fait de chérir ce monde, est l'abstinence des affaires du monde d'ici-bas, intérieurement et extérieurement, mis à part ce qui est nécessaire pour atteindre aux Bienfaits de l'Au-delà et la proximité d'Allah. Le zâhid (celui qui pratique le zohd) est très loué dans des Versets coraniques et des ahadith qui considèrent le zohd comme l'un des traits des Prophètes et des Saints.

Le zohd est de différents degrés :

a) l'abstinence des péchés ;

b) l'abstinence même de ce qui est "muchtabah" (douteux), c'est-à-dire de ce qui n'est pas considéré comme interdit mais sur lequel on a des doutes ;

c) l'abstinence de ce qui dépasse les limites du strict nécessaire ;

d) l'abstinence des désirs égoïstes ;

e) l'abstinence de tout, excepté Allah ; ce qui veut dire concentrer toute notre attention sur le Créateur, nous contenter du strict minimum pour satisfaire non besoins physiques, et faire cadeau du reste de nos biens pour l'amour d'Allah.

Les gens pratiquent normalement le zohd pour trois raisons :

a) Pour échapper au Feu de l'Enfer. Cette sorte de zohd s'appelle "zohd al-khâ'ifîne" (l'abstinence des craintifs).

b) Pour obtenir la Satisfaction d'Allah et atteindre à la Joie du Paradis. Cette sorte de zohd s'appelle "zohd al-râjîne" (l'abstinence de ceux qui espèrent).

Pour obtenir la Communion Divine. C'est là le but le plus sublime et la forme la plus méritoire du zohd. Elle ne se pratique ni par crainte de l'Enfer, ni par désir du Paradis.

3- L'abondance et l'opulence

Cela signifie posséder les moyens de vivre, et peut avoir plusieurs degrés, atteignant parfois une grande fortune et une richesse fabuleuse. A l'opposé, il y a la pauvreté et le besoin, lesquels signifient le manque de moyens d'existence.

Aussi bien l'abondance que la pauvreté peuvent soit élever le caractère de l'homme, soit le détruire.

Si l'abondance est atteinte par des moyens licites et que le surplus de ce qui est nécessaire est dépensé pour l'amour d'Allah et au service de Ses créatures, elle est considérée comme une vertu. Mais si elle a été obtenue par des moyens illicites et par une exploitation injuste, et que la personne qui l'a accumulée est insouciante des besoins des nécessiteux et des dépossédés, elle la conduira sûrement à la destruction. Le Saint Coran dit à ce propos :

- "Bien au contraire ! L'homme est rebelle dès qu'il se voit dans l'aisance..." (96 : 6-7) (72)

De la même façon, la pauvreté aussi, si elle est accompagnée d'endurance, de résignation et de contentement, mène l'homme à une édification spirituelle ; autrement, elle le conduirait aussi à la destruction. Ainsi, si nous constatons que des Versets coraniques et des Traditions louent parfois l'abondance et la pauvreté, et parfois les condamnent, c'est parce qu'elles sont parfois accompagnées de bonnes conditions et sont donc désirables, et parfois de mauvaises conditions, et sont par conséquent indésirables.

4- L'avidité (hirç)

L'avidité est une condition qui rend l'homme insatisfait de ce qu'il a, et lui donne envie d'en avoir plus. L'avidité est l'un des pires vices destructeurs, et elle ne se milite pas à la possession des biens de ce monde, mais s'étend également à la nourriture, au sexe et aux autres choses.

Le Saint Prophète (S) a dit :

- "En vieillissant, l'homme a deux caractères qui rajeunissent : l'avidité et l'espérance tenace." (73)

L'Imam al-Bâqir (P) a dit :

- "L'homme avide dans son amour de ce monde est pareil au ver à soie : plus il s'enveloppe dans son cocon, moins il a de chances de s'en échapper, et il finit par mourir de douleur." (74)

A l'opposé de l'avidité, se trouve la vertu du contentement, qui rend l'homme capable de contrôler ses désirs et de se contenter du strict nécessaire pour la vie. Celui qui a cette vertu vit toujours honorablement et respectablement, comme un homme libre ; il est immunisé contre les vices de l'abondance dans ce monde et, par voie de conséquence, contre la punition dans l'Autre Monde.

Pour se libérer du vice de l'avidité, on doit méditer sur ses conséquences nuisibles et se rendre compte que l'avidité est une caractéristique des animaux qui ne reconnaissent pas de restriction à la satisfaction de leurs désirs sensuels, et qui recourent à tous les moyens pour les satisfaire. Il est donc nécessaire pour l'homme de se libérer de ce vice et de contrôler son âme rebelle.

5- La convoitise (tamac)

Suscitée par l'amour de ce monde, la convoitise est un autre type de vice moral, et elle se définit comme avoir un oeil sur les possessions d'autrui. Ce qui se trouve à l'opposé de ce vice, c'est le fait d'être indépendant des autres, et indifférent à ce qu'ils ont entre les mains. Il y a de nombreux ahadith qui font les louanges de celui qui est indépendant des autres et qui condamnent la convoitise. Voici deux ahadith louant la vertu de celui qui sait se suffire, et condamnant par la même occasion la convoitise.

L'Imam al-Bâqir (P) a dit :

- "Quelle détestable créature que celui qui se laisse mener par sa convoitise. Quelle mauvaise créature que celui dont le désir lui fait gagner l'ignominie." (75)

L'Imam cAli (P) a dit :

- "Passe-toi de quiconque : tu deviens son égal ; convoite quiconque : tu deviens son captif ; rends service à quiconque : tu deviens son émir." (76)

6- L'avarice (bukhl)

L'avarice, c'est le fait d'être parcimonieux là où on devrait être généreux, et c'est pareil à la prodigalité, qui est son opposé, et qui consiste à se montrer généreux quand il faudrait être frugal. La voie intermédiaire entre ces deux extrêmes est le "sakhâ'", qui consiste à être généreux lorsqu'il le faut. Le Coran décrit les Croyants, appelés aussi "cIbâd al-Rahmân" (les esclaves du Miséricordieux) comme étant

"... ceux qui, pour leurs dépenses, ne sont ni prodigues, ni avares, car la juste mesure est au milieu des deux." (25 : 67) (77)

Alors que l'avarice (bukhl) est suscitée par l'amour de ce monde, la générosité (sakhâ') émane du zohd. Beaucoup de Versets coraniques et de ahadith louent et condamnent chacun de ces caractères ; nous nous dispensons ici de les citer, pour rester concis. Le plus haut degré de la générosité est le sacrifice, c'est-à-dire le fait d'être prêt à offrir à autrui ce dont on a soi-même besoin. Et c'est là une des caractéristiques des vrais Croyants, comme nous le dit le Coran :

- "Ils les préfèrent (les autres) à eux-mêmes, malgré leur pauvreté." (59 : 9) (78)

Pour guérir la maladie de l'avarice, il est nécessaire de bien considérer les Versets coraniques et les ahadith qui condamnent ce vice, et de méditer sur ses conséquences nuisibles. Si cette démarche s'avérait inefficace, on devrait s'efforcer d'être généreux et libéral, même si cette générosité est complètement artificielle ; et on devrait continuer à faire cet effort jusqu'à ce que la générosité devienne une seconde nature.

La générosité est nécessaire lorsqu'il s'agit de s'acquitter de certains devoirs obligatoires (wâjibât), tels que le paiement du Khoms et de la Zakât, les dépenses pour sa femme et ses enfants, les frais du Hajj (Pèlerinage à la Sainte Kacbah), et ainsi de suite. Elle est aussi nécessaire lorsqu'il s'agit de s'acquitter des devoirs recommandés (mustahabbât), tels qu'aider les pauvres, offrir des cadeaux, organiser une réception dans le but d'établir ou de consolider des liens d'amitié ou de parenté, prêter de l'argent à quelqu'un, donner un délai aux débiteurs, fournir des vêtements et un abri aux nécessiteux, dépenser ce qui est nécessaire pour sauvegarder son honneur ou réparer une injustice, et contribuer aux dépenses des services publics tels que les Masjid, les écoles, les hôpitaux, les routes, les ponts, les puits, etc.

7- Le gain illicite

Ce vice consiste à amasser une richesse d'une façon illicite, sans se soucier d'éviter ce qui est harâm et les moyens illicites de gain. Ce vice est suscité par l'avidité et l'amour de ce monde, et il conduit à une détérioration morale et à la perte de la dignité humaine. Nombre de Versets coraniques et de ahadith mettent fermement en garde contre l'acceptation de moyens illicites de revenus, et en rappellent les conséquences fâcheuses.

Il faut garder présent à l'esprit que la richesse est de trois sortes :

a) celle qui est purement halâl (acquise de manière licite) ;

b) celle qui est totalement harâm (acquise de manière illicite) ;

c) celle qui est mélangée de halâl et de harâm.

Ce qui est halâl est utilisable, et ce qui est harâm ou d'origine douteuse (muchtabah) doit être évité. Les choses harâm sont de diverses sortes : la viande de porc et de chien ; les boissons alcoolisées ; toutes denrées dont la consommation est nuisible à la santé ; tout ce qui est acquis par la force, l'injustice ou le vol ; tout gain obtenu par des pratiques illicites, telles que la tricherie à la pesée ou dans le nombre d'heures de travail, la thésaurisation, la corruption, l'usure et tous les autres moyens illicites énumérés dans les ouvrages de fiqh (Jurisprudence islamique).

L'opposé du gain par des moyens harâm est l'abstention de toutes formes de pratiques harâm (warac canil-harâm). Cette vertu peut devenir graduellement une habitude chez l'individu grâce à l'exercice de l'auto-restriction qui lui permettra en fin de compte de s'abstenir volontairement même de ce qui est muchtabah (d'une licéité douteuse). Selon un hadith :

- "Quiconque vit de gain halâl pendant quarante jours, Allah illuminera son coeur et en fera monter des fontaines de Sagesse vers sa langue." (79)

8- La trahison (khiyânah)

La trahison est un autre type de vice appartenant au pouvoir de passion. La trahison peut se faire avec l'argent ou comme la violation d'un dépôt. Elle peut concerne l'honneur, le pouvoir ou la position. L'opposé de la trahison est l'honnêteté ou la loyauté (amânah), qui s'applique elle aussi à tout ce qui vient d'être mentionné concernant la trahison, c'est-à-dire la propriété et les biens de quelqu'un -lesquels sont des Dépôts Divins-, la famille et la position, l'autorité et le pouvoir qu'on exerce. On doit toujours se rappeler que ce qui vient d'être énuméré constitue des Bénédictions d'Allah, impliquant une responsabilité spécifique, et dont la violation équivaut à une trahison. Luqmân le Sage a dit :

- "J'ai acquis ma position de Sagesse uniquement grâce à la véracité et au respect du dépôt." (80)

9- La licence et la débauche

Elles incluent des pratiques telles que l'adultère, la fornication, la sodomie, l'intoxication et toutes autres formes d'extravagance, et elles émanent toutes du pouvoir de passion et plongent l'homme dans un mode de vie bestial. Il y a de nombreux Versets coraniques et ahadith qui condamnent cette sorte de conduite, et ils sont suffisamment connus pour n'être pas cités ici.
 
10- S'occuper des questions obscènes et harâm

Ce vice consiste à discuter des actions illicites et harâm. S'amuser de telles discussions et échanger des plaisanteries et des histoires obscènes ne bénéficie guère à la dignité et à la position de l'homme. Etant donné que le harâm et l'obscène sont de diverses sortes, s'en occuper peut également être classé de diverses façons.

Pour se libérer de ce vice, on doit contrôler et limiter sa parole, et parler uniquement des choses qui plaisent à Allah. Le Saint Coran cite les habitants de l'Enfer, qui disent :

- "Nous discutions vainement avec les amateurs de disputes." (74 : 45) (81)

Et dans un autre Verset, il nous met en garde contre l'organisation de réunions en vue de telles absurdités :

- "Ne restez donc pas en leur compagnie (de ceux qui se moquent...) tant qu'ils ne discuteront pas sur un autre sujet." (4 : 140) (82)

L'une des nombreuses formes que prend ce vice consiste à prendre plaisir à aborder des sujets futiles et frivoles -discussions qui n'ont aucune utilité ni pour ce bas-monde, ni pour l'Autre Monde. De plus, de tels bavardages constituent une perte de temps et un obstacle devant toute contemplation et toute pensée utiles. C'est pourquoi la vertu du silence a été retenue comme l'opposé de ce vice. Et ce qu'on entend par silence, ici, ce n'est pas le fait de rester toujours taciturne, mais plutôt le fait de protéger sa langue et son oreille de toute parole inutile et insensée. En d'autres termes, on doit rester attentif à ce qu'on dit, et ne dire que ce qui est bénéfique aussi bien pour ce monde que pour l'Autre Monde. Le Sage a dit :

- "Deux choses peuvent détruire un homme : avoir trop de fortune, et trop de loquacité."

Et le Prophète (S) a dit :

- "Béni soit celui qui se montre frugal dans sa parole et généreux dans ce qu'il possède." (83)
 
 


 
IV - Les maladies communes aux pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion,
et leur traitement
 

La quatrième section de ce livre traite des vices combinés de n'importe lesquels de deux des trois pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion, ou de tous les trois pouvoirs, et des méthodes de leur traitement. Il y a trente et un vices dans cette catégorie. La partie qui traite d'un grand nombre de vices et vertus, et qui contribue au contenu de la plupart des livres de l'Ethique, couvre la moitié de notre ouvrage de référence : "Jâmic al-Sacâdât". Mais pour rester dans les limites appropriées de cet abrégé, nous allons nous contenter d'une brève discussion des points soulevés dans cette section du livre.

1- La jalousie (hasad)

Le hasad consiste en un désir de voir quelqu'un qui possède un avantage ou un bienfait en être séparé. Si quelqu'un aspire seulement à avoir le même avantage dont jouit quelqu'un d'autre, cela s'appelle "ghibtah" (envie), et si quelqu'un désire voir quelqu'un d'autre continuer à jouir d'un avantage ou d'un bienfait qu'il mérite, cela s'appelle "naçîhah". Parmi tous ces états, seul le hasad constitue un vice qui mérite un châtiment aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. La personne jalouse ne connaît pas la paix, et elle brûle toujours dans le feu de la jalousie. De plus, sa jalousie efface le mérite de toutes ses bonnes actions, comme en témoigne ce hadith du Prophète (S) :

- "La jalousie consume les vertus tout comme le feu consume le bois." (84)

Toutefois, aussi bien la ghibtah que la naçîhah sont des vertus qui doivent être nourries par le nettoyage de l'âme du vice de hasad. La maladie fatale de hasad peut émaner soit du pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère, soit des deux à la fois, selon ce qui la motive. Donc, pour en guérir, nous devons concentrer notre attention sur ces deux pouvoirs, et ce que nous avons déjà dit à propos de ces deux pouvoirs s'applique également à la maladie de jalousie.

Ce qui peut le mieux aider l'individu à se guérir de cette maladie est de méditer sur les effets négatifs, psychologiques et spirituels, de la jalousie, qui nuisent au jaloux lui-même seulement. En outre, le jaloux doit essayer de créer en lui-même la vertu de la naçîhah (en souhaitant le bien-être des autres), qui est à l'opposé de la jalousie. Au début, il se peut qu'il soit nécessaire pour lui de s'imposer l'attitude nécessitée par cette vertu -malgré son inclination innée à éprouver le contraire- jusqu'à ce que la jalousie soit vaincue et que la naçîhah devienne un trait établi de son caractère.

2- Agresser et insulter autrui

Cette sorte de conduite est habituellement suscitée par la jalousie et l'inimitié, bien qu'elle puisse avoir aussi pour racine l'avidité (hirç), la convoitise (tamac), l'orgueil (takabbur), etc. Donc, elle a pour source soit le pouvoir de colère, soit le pouvoir de passion, soit les deux à la fois. En tout état de cause, agresser et insulter d'autres Musulmans est un péché majeur que le Coran et le Hadith ont condamné à diverses reprises :

- "Et ceux qui offensent injustement les Croyants et les Croyantes se chargent d'une infamie et d'un péché notoire." (33 : 58) (85)

Et le Prophète (S) a dit :

- "Quiconque fait du mal à un Croyant me fait du mal aussi, et quiconque me fait du mal fait du mal à Allah aussi, et quiconque fait du mal à Allah est maudit dans la Torah, dans l'Evangile, et dans le Coran." (voir Jamic al-akhbar) (86)

D'autre part, empêcher quelqu'un d'agresser et d'insulter autrui est un acte loué dans de nombreux ahadith, dont celui-ci :

- "Quiconque enlève un obstacle nuisible du chemin des Musulmans, Allah lui enregistre une vertu dont la récompense est le Paradis." (Ihyâc culûm al-dîn, vol. II, p. 172) (87)

3- Effrayer et tourmenter les Musulmans

Cette sorte de conduite est une branche du vice mentionné ci-dessus, et elle est due soit à la colère, soit au mauvais caractère, soit à la convoitise. Son opposé, c'est le fait de rendre les autres heureux et d'effacer la cause de leur tristesse ou de leur angoisse. Il y a de nombreux ahadith qui font l'éloge de cette vertu, dont cette parole du Prophète :

- "La plus aimée des actions chez Allah Le Très Haut, c'est de rendre les Croyants heureux." (88)

4- L'indifférence aux affaires des Musulmans

Etre indifférent aux affaires des Musulmans est un vice moral suscité soit par la léthargie, soit par la faiblesse spirituelle, soit par l'avarice. Ce vice est fustigé dans de nombreux ahadith, dont voici un dans lequel le Saint Prophète (S) dit :

- "Celui qui se réveille sans se soucier des affaires des Musulmans n'est pas Musulman ; et celui qui entend crier : "O Musulmans !" sans répondre à cet appel n'est pas Musulman." (89)

Dans le cas contraire, le fait de faire face aux besoins des Musulmans et de résoudre leurs problèmes, est considéré comme l'une des formes les plus nobles de l'adoration. Le Prophète (S) a dit :

- "Si on marche une heure, la nuit ou le jour, pour tenter de satisfaire le besoin d'un Frère Musulman, c'est plus méritoire aux Yeux d'Allah que deux mois d'ictikâf (retraite spirituelle), peu importe qu'on réussisse ou non dans sa tentative." (90)
 
5- Négliger d'accomplir le devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy canil-monkar

Manquer de s'acquitter du devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy canil-monkar est un péché impardonnable dû soit à la faiblesse spirituelle, soit au manque d'attention aux devoirs religieux, et conduit à la propagation de l'immoralité, de la corruption, de l'injustice, et à d'autres formes d'indécence dans la société.

"Ordonner aux autres de s'acquitter de leurs devoirs Divins, et les empêcher de commettre des actes illicites" est un devoir obligatoire pour tout Musulman, devoir dont les étapes et conditions sont expliquées en détail dans les livres de fiqh.

Et puisque ce qui nous intéresse ici, ce sont les devoirs de l'individu vis-à-vis des autres, cette brève mention de ce devoir est suffisante.

6- L'asociabilité

Ce vice est causé soit par l'hostilité, soit par la vengeance, soit par la jalousie, soit par l'avarice, et il appartient soit au pouvoir de passion, soit au pouvoir de colère. Il a été condamné dans de nombreux ahadith.

L'opposé de ce vice est la vertu de la sociabilité, de l'hospitalité et de l'amitié, laquelle vertu conduit à l'expansion des relations chaleureuses et fraternelles entre les membres de la Communauté. Cette vertu est hautement recommandée en Islam.

7- Rompre les liens avec la famille et les proches

Ce vice est une branche de l'asociabilité, mais il est plus détestable et plus nuisible. L'opposé de ce vice est la vertu du maintien des liens familiaux cordiaux. Un grand nombre de ahadith, qu'on peut trouver dans les livres de Traditions, traitent de ce sujet.

8- Etre irrespectueux envers les parents

C'est la pire forme du vice de rupture des liens familiaux, et selon de nombreux ahadith, elle appelle une punition sévère aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. A l'opposé de ce vice, une conduite gentille et aimable envers la famille est considérée comme l'une des vertus les plus louables. On avait demandé à l'Imam al-Câdiq (P) :

- "Quelle action a le plus de mérite aux Yeux d'Allah ?"

Et il a répondu :

- "La Prière accomplie dès le début de son horaire prescrit, la bonté envers les parents, et le Jihâd dans le Chemin d'Allah."

La mention de "la bonté envers les parents" à côté de la Prière et du Jihâd, qui sont deux des plus importants piliers de l'Islam, est révélatrice de sa haute importance.

Il est nécessaire de souligner ici les devoirs envers les voisins et les droits des voisins aussi, puisque ces devoirs et droits des voisins font également partie de la catégorie des relations interpersonnelles brièvement discutées ci-dessus, et il y a de nombreux ahadith qui condamnent le fait d'agresser les voisins et de se conduire de manière incorrecte envers eux.

9- Chercher les fautes des autres et divulguer leurs défauts et leurs péchés

Ce vice est suscité par la jalousie ou l'hostilité, et il conduit à la propagation de la corruption, de l'animosité et de la destruction des bonnes relations entre les gens. L'opposé de ce vice est la vertu consistant à couvrir les défauts et les péchés des autres. Cette vertu a un immense mérite, et nous nous contenterons de citer ci-après un Verset coranique et un hadith à l'appui de notre affirmation, bien qu'il y ait un grand nombre de ahadith qui soulignent les mérites de cette vertu :

- "Ceux qui aiment que la turpitude se répande parmi les Croyants subiront un châtiment douloureux en ce monde et dans la Vie Future." (24 : 19) (91)

Et le Prophète (S) a dit :

- "Quiconque couvre (les défauts d') un Musulman, Allah couvrira ses défauts dans ce monde et dans l'Autre Monde." (92)

10- Divulguer le secret des gens

Divulguer les secrets des gens conduit à la discorde et parfois à l'animosité. C'est pourquoi cette conduite est considérée comme un vice qui a été condamné dans un grand nombre de ahadith. Ce vice peut prendre des formes diverses, dont l'une consiste à raconter à quelqu'un des remarques qu'une autre personne a faites à son sujet, provoquant ainsi une discorde et une hostilité entre les deux personnes concernées. Une autre forme de ce vice consiste à rapporter à quelqu'un qui détient un pouvoir des propos que quelqu'un d'autre aurait tenus à son égard, l'incitant ainsi à se venger de lui. En général, le vice consistant à susciter des conflits et des discordes entre les gens et à provoquer l'hostilité entre eux peut revêtir des formes diverses, et divulguer les secrets d'autrui est l'une de ces formes. L'opposé de ce vice est la vertu consistant à susciter une ambiance d'entente, d'amour et d'harmonie entre les gens, vertu qui constitue une grande qualité pour l'homme. L'opposé du vice consistant à divulguer les secrets des autres est la vertu de garder leurs secrets et de les réconcilier.

En tout état de cause, toutes les diverses formes de l'"ifssâd bayn al-nâs" (corruption des relations entre les gens) sont considérées comme des vices et condamnées dans plusieurs Versets coraniques et ahadith.

11- La chamâtah

Ce vice consiste à attribuer les malheurs frappant quelqu'un à ses actes équivoques, se délectant de ses malheurs et le blâmant pour son infortune. Il est habituellement suscité par la jalousie ou par le pouvoir de passion.

La chamâtah a été sévèrement condamnée dans un grand nombre de ahadith, et il est dit que la chamâtah conduit tout d'abord celui qui la pratique à être lui-même victime des mêmes malheurs dont il se délecte lorsqu'ils frappent les autres, et qu'ensuite sa chamâtah blesse son Frère dans la Foi et appelle par conséquent la Punition d'Allah, et qu'enfin le fait qu'un malheur frappe quelqu'un ne signifie pas que celui-ci a commis forcément un acte mauvais, puisque son malheur pourrait être une épreuve Divine que subissent même ceux qui sont les plus proches d'Allah.

12- Les insultes et la dispute (tacn wa-mujâdalah)

L'insulte (tacn) signifie dire quelque chose de sarcastique à quelqu'un dans un but attentatoire, et la dispute (mujâdalah) est le fait de s'engager dans une discussion futile sans chercher vraiment à connaître la vérité. Ces deux traits sont considérés comme des vices moraux et conduisent à des malentendus et à la mésentente entre les amis. Il y a, à l'opposé de ces vices, la vertu de la parole droite, c'est-à-dire celle qui vise à découvrir la vérité à travers une discussion polie, sincère et amicale.

13- Se moquer des autres et les ridiculiser

Ce vice a les mêmes effets nuisibles que la conduite insultante et l'attitude de dispute.

14- La plaisanterie

La plaisanterie aussi doit être évitée en règle générale, car elle peut susciter mésentente et hostilité entre certaines gens. Toutefois, on doit garder présent à l'esprit que ce qui est mauvais, c'est surtout lorsqu'on pousse la plaisanterie jusqu'à l'extrême ; autrement, le type d'humour qui réjouit l'âme et éclaire l'esprit sans recourir au mensonge ni à la calomnie, et sans indisposer les autres, est permis.

15- La médisance (ghibah)

La médisance consiste à dire à propos de quelqu'un et en son absence, quelque chose qu'il n'aimerait pas. Elle est l'un des péchés majeurs, à propos duquel beaucoup de choses ont été écrites et qui a été condamné dans un grand nombre de ahadith et de Versets coraniques. Une discussion détaillée de ses limites, ses caractéristiques et ses exceptions est entreprise dans la version originelle de ce livre, mais vu la nature restreinte de notre abrégé, nous nous abstenons de reproduire cette discussion élaborée.

Ce qui est pire que la médisance (ghibah), c'est la calomnie (buhtân), c'est-à-dire la fausse accusation. L'opposé de la médisance est le fait de faire l'éloge des autres, et l'opposé de la calomnie -qui est la fausseté- est l'évocation honnête des vraies bonnes qualités de l'individu.

16- Le mensonge

Mentir est un vice honteux et un grand péché qui conduit à la corruption individuelle et sociale. Il y a un grand nombre de ahadith et de Versets coraniques qui traitent du mal du mensonge et qui le condamnent. L'opposé de ce vice est la vertu de la véracité (çidq). La véracité est l'une des plus méritoires des vertus de l'être humain, et le mot "çidq" revient dans un grand nombre de Versets coraniques.

17- La simulation (riyâ')

La simulation signifie ici faire une bonne action beaucoup plus dans un but ostentatoire que pour l'amour d'Allah. Elle constitue un grand péché et peut conduire à la dégradation spirituelle et à la mort. Le Coran dit à ce propos :

- "Malheur à ceux qui prient tout en étant négligents dans leurs Prières, et ceux qui voudraient être vus (en acte de Piété) tout en refusant de faire la Charité." (107 : 4-7) (93)

Dans un autre Verset, nous lisons ceci :

- "Lorsqu'ils se lèvent pour la Prière, ils se lèvent insouciants, pour être vus des hommes, et ils ne pensent guère à Allah." (4 : 142) (94)

Voici maintenant un hadith du Prophète (S) sur le vice de riyâ' :

- "Le Prophète ayant dit un jour à ses adeptes :

- "La chose que je crains le plus pour vous, c'est l'idolâtrie mineure (al-chirk al-açghar)"

- "Qu'est-ce que "l'idolâtrie mineure" ?" lui demandèrent les adeptes.

- "La simulation ! Le Jour du Jugement, lorsqu'Allah, Le Très Haut, examinera les actes passés de Ses créatures, IL dira aux simulateurs : "Allez demander votre récompense à ceux devant lesquels vous faisiez vos simulations, et vous verrez s'ils ont une récompense à vous attribuer !" (95)

Il y a différentes sortes de riyâ' : riyâ' dans l'adoration, sous quelque forme que ce soit ; riyâ' dans d'autres domaines, lesquels sont parfois répréhensibles, et parfois permis (mubâh) ou même désirables. Par exemple, si quelqu'un se montre ouvertement très généreux dans l'intention d'inciter les autres à le devenir eux aussi, son action n'est pas seulement dénuée de reproches, mais même plutôt vivement recommandée. La signification de la simulation, dans chaque cas, dépend de l'intention de son auteur.

L'opposé du riyâ' est l'ikhlâç (la sincérité), qui consiste à faire tout uniquement par amour pour Allah, et sans attendre aucune récompense de personne pour la bonne action accomplie. La position de l'ikhlâç est l'une des plus hautes positions auxquelles un Croyant puisse atteindre, et elle peut être atteinte grâce à la persévérance et à l'exercice.

18- L'hypocrisie (nifâq)

L'hypocrisie, c'est-à-dire le fait de feindre d'être ce qu'on n'est pas, ou de croire à ce qu'on ne croit pas, dans le domaine des relations sociales ou de la Religion, est l'un des vices les plus destructifs. Dans le Coran, les hypocrites sont condamnés dans des termes très vifs. De même, beaucoup de ahadith condamnent ce vice.

L'opposé de l'hypocrisie consiste à être le même intérieurement et extérieurement, ou mieux, être meilleur à l'intérieur qu'on ne l'est selon les apparences. Ce dernier trait est un trait caractéristique des Mu'minûn (les Croyants) et de ceux qui sont proches d'Allah (awliyâ' Allah).

19- L'orgueil (ghurûr)

L'orgueil consiste en une vanité fondée sur des désirs et des caprices égoïstes, et il peut concerner aussi bien les affaires de ce monde que celles de l'Autre Monde. On peut devenir fier de ses actes d'adoration, de ses enfants, de sa richesse, de sa position et de son pouvoir, ou de toute autre chose. Tout ceci peut donc conduire à l'orgueil et, par conséquent, à la chute spirituelle et morale de l'homme. C'est pourquoi nous voyons que le Saint Coran met en garde contre toute forme d'orgueil, lequel n'est, en fait, qu'illusion et auto-duperie :

- "Que la vie de ce monde ne vous enjôle pas, et que celui qui se trouve dans l'erreur ne vous trompe pas au sujet d'Allah." (31 : 33) (96)

Les gens de toutes positions sociales peuvent tomber en proie au vice de l'orgueil. Ils peuvent être Croyants ou incroyants, savants, pieux, mystiques, etc. et chacun d'eux peut être fier de quelque chose en particulier. Ainsi, nous constatons que l'orgueil peut prendre de nombreuses formes. L'orgueil peut découler du pouvoir de l'intellect, du pouvoir de passion, du pouvoir de colère, ou de tous les trois à la fois.

L'opposé de l'orgueil -lequel est, comme nous l'avons noté, une sorte d'auto-duperie- c'est le Savoir, la Sagesse, la conscience et le zohd ; car plus un homme est conscient de la réalité, moins il est exposé à être en proie à l'orgueil. Le hadith suivant de l'Imam al-Câdiq (P) nous suggère le vrai remède au vice de l'orgueil :

- "Sache que tu ne peux sortir des ténèbres de l'orgueil et du désir qu'en retournant sincèrement vers Allah en toute humilité et en toute pénitence, qu'en étant conscient de tes fautes et défauts -c'est-à-dire de tout ce qui ne se conforme pas à la raison et à l'intelligence et qui n'a pas l'appui de la Religion, de la Loi Divine et des Traditions des Dirigeants de la Guidance. Et si tu es satisfait de la condition dans laquelle tu te trouves, soit certain que personne ne pâtira autant que toi des retombées de tes actes, et personne n'aura souffert autant que toi du gaspillage de ta vie, et ton attitude te lèguera le soupir amer du Jour du Jugement." (Miçbâh al-Charîcah, chap. 36) (97)

20- Avoir des espérances et des désirs démesurés

Ce vice est suscité par le pouvoir de l'intellect et le pouvoir de passion, et il est enraciné dans l'ignorance et l'amour de ce monde. Il nuit à l'homme en le faisant s'occuper des affaires de ce monde et en retardant son développement spirituel.

Pour guérir de cette maladie, on doit penser constamment à la mort et à la Vie Future, tout en gardant présent à l'esprit le fait que notre existence actuelle est éphémère et que tout ce que nous y acquérons, nous sommes obligés de le laisser derrière nous après la mort. On doit être conscient que la seule chose que l'on peut emporter avec soi à travers le gouffre de la mort consiste en ses bonnes actions.

21- La rébellion (ciçyân)

Rébellion signifie ici désobéir aux Commandements d'Allah. Ce vice appartient aux pouvoirs de colère et de passion, et son opposé est l'obéissance et la Piété (taqwâ).

22- L'effronterie

Appartenant aux pouvoirs de colère et de passion, ce vice consiste en impudence et absence de honte lorsqu'on commet des actes interdits. Son opposé est la modestie ou la pudeur (hayâ'), laquelle fait partie de la Foi. L'Imam al-Câdiq (P) a dit :

- "La modestie appartient à la Foi, et la Foi est au Paradis." (98)

23- La persistance dans le péché (al-içrâr calal-macçiyah)

C'est un vilain état dont l'opposé est la repentance (tawbah). Répéter les péchés, c'est les faire sembler ordinaires et insignifiants dans la vie quotidienne. C'est pourquoi, avant que cet état de choses n'arrive à quelqu'un, il est nécessaire pour lui de méditer sur les conséquences de la perpétration de péchés et d'examiner leur nuisance aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. Une telle méditation conduit l'homme à se repentir de ses péchés et à en être si désolé et honteux qu'il ne les commettra plus jamais. D'autre part, la tawbah, ou la repentance, est le retour de l'état de péché. Un état de repentance encore plus haut est l'inâbah, qui est le renoncement même aux choses permises (mubâh). Dans ce plus haut degré de la repentance, on cherche, par action et par parole, seulement à satisfaire Allah et à se rappeler Allah continuellement. Un auxiliaire nécessaire à la tawbah est la muhâsabah et la murâqabah, qui signifient qu'une personne sincèrement repentante se rend compte de ses actes et pense à la qualité morale de son action. Un hadith dit :

- "Demandez-vous des comptes à vous-mêmes avant que l'on ne vous les demande." (99)

24- La négligence (ghaflah)

La ghaflah signifie indifférence et manque d'attention ; son opposé, c'est être attentif et résolu. Si ce que nous négligeons, c'est notre ultime félicité et notre bien-être, cette négligence équivaut à un vice. Toutefois, si la négligence ou l'indifférence concerne la méchanceté et la bassesse, elle équivaut à une vertu. C'est dire que le soin et l'attention accordés aux choses basses et vilaines sont assimilés à un vice, alors que lorsqu'ils sont accordés aux choses ayant trait à notre bien-être et notre félicité, ils sont assimilés à une vertu. A la fois la négligence et la détermination ou le soin sont dérivés soit du pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère. Par exemple, si quelqu'un a l'intention de se marier, sa motivation pour cette résolution est enracinée dans le pouvoir de passion et elle est une vertu. Si l'on décide de se défendre contre un ennemi, notre décision ou résolution est enracinée dans le pouvoir de colère, et elle est une vertu.

Nous venons de faire une description générale de la négligence et du soin ou de la détermination. Toutefois, si l'on s'en tient au terme utilisé dans les Versets coraniques et les Traditions, la négligence se réfère généralement à l'indifférence aux buts réels de l'existence de l'homme et aux facteurs du bien-être et du bonheur dans ce monde et dans l'Autre, et son opposé, la détermination, est interprétée aussi comme clarté de la volonté et du but dans le même sens. C'est pourquoi, dans ce sens, la négligence est toujours mauvaise et la détermination est toujours bonne. Le Coran fait les remarques suivantes à propos de l'homme négligent :

- "Nous avons destiné à la Géhenne un grand nombre de djinns et d'hommes. Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent rien ; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas ; ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas. Voilà ceux qui sont semblables aux bestiaux, ou plus égarés encore. Voilà ceux qui sont insouciants." (7 : 179) (100)

25- L'aversion (karâhah)

L'aversion se rapporte à un état d'horreur de toute chose comportant difficulté et labeur. Sa forme extrême est le "maqt" (haine).
 

- Le hubb

L'opposé de la karâhah est le hubb (inclination). Le hubb consiste en l'amour qu'éprouve l'homme pour les choses plaisantes et bénéfiques. La forme extrême du hubb est le cichq (amour).

Ce qu'il convient de noter ici, c'est que le hubb doit être essentiellement orienté vers Allah et vers tout ce qui se rattache à LUI. Ceci est le plus haut degré du hubb. Il faut garder présent à l'esprit que Le Vrai Bien-Aimé est Allah, et que c'est seulement lorsque l'homme perd son Vrai Bien-Aimé qu'il choisit d'autres objets à son amour, tels que la femme, les enfants, la richesse, le statut social et toute autre chose mondaine. Si l'homme parvenait à retrouver son Vrai Bien-Aimé, il se libérerait aussi de ses errances sans but et sans finalité. Pour trouver Le Vrai Bien-Aimé, nous devons en premier lieu connaître toutes les formes de hubb. Le hubb peut être dirigé essentiellement vers neuf choses différentes :

1- Le hubb de l'homme pour lui-même ; c'est la forme la plus forte du hubb.

2- Le hubb de l'homme pour des choses extérieures à lui, dont il veut tirer un plaisir physique. L'exemple en est le hubb des différentes sortes de nourriture, de vêtements et autres choses qui servent à satisfaire ses besoins et désirs physiques.

3- Le hubb de l'homme pour un autre homme, en raison de sa bonté ou du service qu'il lui a rendu.

4- Le hubb de l'homme pour quelque chose en raison d'une bonne qualité inhérente à cette chose, comme la beauté ou la droiture.

5- Le hubb de l'homme pour un autre homme sans aucune raison particulière, c'est-à-dire non pour sa beauté, sa richesse, son pouvoir, ni pour tout autre aspect avantageux, mais tout simplement à cause de l'existence d'un lien spirituel invisible entre eux.

6- Le hubb de l'homme pour son semblable venu de très loin, ou rencontré au cours d'un long voyage.

7- Le hubb de l'homme pour ses collègues ou confrères, tel que l'amour d'un savant pour un autre savant, d'un commerçant pour un autre, etc.

8- Le hubb (affinité) de l'effet pour sa cause, et vice-versa.

9- Le hubb des effets communs d'une même cause les uns pour les autres ; par exemple, l'amour des membres d'une même famille les uns pour les autres.

Si nous réfléchissons un peu à ce sujet, nous parviendrons à la conclusion que puisqu'Allah est L'Existence Absolue, et que toutes les autres choses dépendent de LUI, toute autre chose que l'homme pourrait aimer manque d'existence indépendante. En d'autres termes, puisqu'Allah est La Réalité Suprême, IL est en fait L'Ultime Objet du Véritable Amour, et toutes les autres formes d'amour dirigées vers les autres choses sont figuratives et imaginaires. Donc, pour cette raison, l'homme doit sublimer son amour et découvrir son Véritable Objet, et cela n'est possible que s'il se trouve dans les conditions suivantes :

1- Il doit avoir un fervent désir de rencontrer Allah (liqâ' Allah) ; en d'autres termes, il ne doit pas avoir peur de mourir. Ses actes doivent être tels qu'ils reflètent son assurance de rencontrer Allah après la mort.

2- Il doit faire passer le Désir d'Allah avant ses propres désirs, puisque telle est l'une des exigences de l'amour.

3- Il ne doit pas oublier Allah même pendant un seul instant, de la même façon que l'amoureux n'oublie pas son bien-aimé même une seconde.

4- Il ne doit pas être heureux en gagnant quelque chose, ni triste en perdant quelque chose puisque, si toute son attention est concentrée sur Allah, toute autre chose sera sans importance pour lui.

5- Il doit être bon et aimable envers les créatures d'Allah, puisque quiconque aime Allah aimera certainement Ses créatures aussi.

6- Il doit craindre Allah en même temps qu'il L'aime, puisque ces deux sentiments ne sont pas contradictoires.

7- Il doit garder comme un secret son amour pour Allah.

Dans de telles conditions, Allah aussi aimera Son serviteur et tiendra Sa Promesse :

- "Dis (ô Muhammad) ! Si vous aimez Allah, suivez-moi ; Allah vous aimera et vous pardonnera vos péchés..." (3 : 31) (101)
 
 26- Le sakhat

Le sakhat, c'est être affligé par l'adversité et les malheurs qui peuvent frapper quelqu'un, à tel point que l'on s'en plaint. L'opposé de ce vice est la vertu du ridhâ, qui consiste à être satisfait et content de tout ce qu'Allah veut. Le sakhat est une sorte de karâhah, et le ridhâ est une sorte de hubb.

Il y a beaucoup de ahadith qui condamnent le sakhat et qui exhortent à être patient devant l'adversité et les malheurs, puisque ceux-ci sont des épreuves décidées par le Ciel. Nous devons réaliser fondamentalement que la vie dans ce monde est faite de souffrances, de difficultés, de maladie et de mort, et que tous les hommes sans exception doivent passer par ces épreuves. Ainsi, nous devons apprendre à supporter ces sortes de souffrances. Une telle préparation s'appelle ridhâ, et son plus haut stade est le contentement complet de la Volonté Divine. Voici comment le Coran décrit les gens qui jouissent de cette qualité :

- "Allah est satisfait d'eux ; ils sont satisfaits de LUI : voilà le grand triomphe !" (5 : 119) (102)

Et voilà comment il décrit ceux à qui manque cette qualité :

- "Et ceux qui sont satisfaits de la vie de ce monde et qui y trouvent la sécurité..." (10 : 7) (103)

Il est à noter que dans les livres d'Ethique, "taslîm" (résignation) et "ridhâ" (contentement) sont normalement employés comme synonymes, et cela en raison de leurs significations très proches, car celui qui est content de tout ce qu'Allah veut pour lui est également totalement résigné à la Volonté d'Allah dans tous les aspects de sa vie.

27- Le huzn

Huzn signifie affliction et remords qu'on éprouve lorsqu'on perd quelque chose de chéri, ou lorsqu'on manque de l'avoir. Le huzn, tout comme le sakhat, résulte de la karâhah.

28- L'absence de confiance en Allah

Ce vice consiste à faire confiance à des moyens intermédiaires, et non à Allah, pour résoudre nos problèmes. Il a pour origine l'insuffisance de la Foi, et émane des pouvoirs de l'intellect et de passion. La confiance en des moyens intermédiaires est une forme de polythéisme.

L'opposé de ce vice est le tawakkul (confiance) en Allah dans tous les aspects de notre vie, accompagné de la croyance qu'Allah est La Seule Force Effective de l'univers. Tel est le sens de la fameuse affirmation :

- "Il n'y a pas de pouvoir ni de puissance en dehors d'Allah." (104)

Et le Coran confirme explicitement :

- "Quiconque place sa confiance en Allah, IL lui suffit." (65 : 3) (105)

Et le Prophète (S) a dit, dans le même sens :

- "Quiconque ne compte que sur Allah, IL prend soin de ses moyens de subsistance." (106)

Il est à noter que la notion de tawakkul n'est pas en contradiction avec l'idée selon laquelle l'homme doit faire des efforts pour bénéficier des Bienfaits d'Allah. C'est pourquoi l'Islam considère qu'il est obligatoire, pour l'homme, de lutter pour faire vivre sa famille, se défendre et défendre ses droits. Ce qui importe, c'est de considérer tous ces moyens intermédiaires comme soumis à l'Autorité et au Pouvoir d'Allah, et sans aucun rôle indépendant qui leur soit propre.

29- L'ingratitude (kufrân)

C'est le vice d'être ingrat envers les Bénédictions d'Allah, et son opposé est le chukr (la gratitude).

- Le chukr

La vertu de chukr consiste dans les éléments suivants :

1- Reconnaître les Bénédictions et leur Origine, Laquelle est la Bienfaisance Divine.

2- Etre ravi des Bénédictions -non pour leur valeur mondaine, ni pour le fait de les avoir obtenues, mais pour leur valeur d'agents nous rapprochant d'Allah.

3- Donner suite à ce ravissement en entreprenant de satisfaire le but du Donateur, en actes et en paroles.

4- Dire les Louanges de L'Auteur de ces Bénédictions.

5- Utiliser le Bienfait qui nous a été donné de telle sorte que son utilisation LUI plaise.

Par Bénédictions, nous entendons tout ce qui apporte plaisir, bénéfice et félicité, que ce soit dans ce monde-ci ou dans la Vie Future.

Le Saint Coran dit à ce propos :

- "Si vous êtes reconnaissants, JE multiplierai pour vous Mes Bienfaits ; mais si vous êtes ingrats, Mon Châtiment sera terrible." (14 : 7) (107)

Explicitant l'avertissement contenu dans la seconde partie du Verset précité, le Coran dit :

- "Allah a cité un exemple : une ville qui était paisible et tranquille, et dont l'approvisionnement lui venait en abondance de partout, mais qui a méconnu les Bienfaits d'Allah. Allah a fait alors goûter à ses habitants le vêtement de la faim et de la peur en punition de leurs méfaits." (16 : 112) (108)

30- L'impatience devant l'adversité (jazac)

Le jazac peut conduire celui qui l'éprouve à crier, à se frapper le visage, à déchirer ses vêtements et à pousser des clameurs, lorsqu'il est frappé par un malheur ou une calamité. Le jazac est un vice du pouvoir de colère. Son opposé est le çabr (patience), qui est l'une des vertus les plus nobles. En tout état de cause, le jazac est l'un des vices qui conduisent à la chute de l'homme, puisqu'il est essentiellement une plainte contre Allah et un rejet de Ses Décrets.

- Le çabr

A l'opposé, le çabr consiste à garder son calme en toutes circonstances et à accomplir son devoir dans toutes les conditions. Le çabr a une fonction qui diffère selon les différentes situations. Par exemple, le çabr sur le champ de bataille réside dans la persévérance dans l'accomplissement du devoir ; en d'autres termes, il est une forme de courage. Le çabr, lorsqu'on est en état de colère, est un auto-contrôle et le synonyme du hilm (endurance). Le çabr devant les désirs et la luxure est ciffah (chasteté). Le çabr par rapport à une vie luxueuse et opulente est zohd (abstinence). En un mot, le çabr est une vertu qui se rapporte à tous les quatre pouvoirs.

Le çabr a été souvent loué dans les ahadith, et le Saint Coran exalte cette vertu ainsi que ses mérites et ses récompenses en soixante-dix endroits. En voici un exemple :

- "Annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont patients, à ceux qui disent, lorsqu'un malheur les atteint : "Nous sommes à Allah et nous retournerons à LUI." Voilà ceux sur lesquels descendent des Bénédictions et une Miséricorde de leur Seigneur. Ils sont bien dirigés." (2 : 155-157) (109)

Et voici un exemple de l'exaltation par le Prophète (S) de cette vertu :

- "Le çabr est à la Foi ('imân) ce que la tête est au corps. De même que le corps ne peut vivre sans la tête, de même la Foi ne saurait survivre à l'absence du çabr." (110)

Il y a cinq sortes de çabr par rapport à la Charicah (Loi) islamique : wâjib (obligatoire) ; harâm (interdit) ; mustahab (désirable) ; makrûh (détestable) ; mubâh (permis). L'exemple du "çabr interdit" est la patience face à une injustice telle que la cruauté ou l'oppression. Le "çabr désirable", c'est la persévérance dans l'accomplissement des choses désirables, alors que le "çabr détestable", c'est la tolérance des situations répréhensibles. Et enfin, le "çabr mubâh", ou "çabr permis", se rapporte aux choses permises.

Il s'ensuit donc que le çabr n'est pas toujours un trait méritoire ; son mérite ou l'absence de ce mérite, dépend de l'objet du çabr en question. En général, le critère selon lequel on juge les différentes sortes de çabr est le même que celui selon lequel on juge tous les autres actes, à savoir que tous les actes qui contribuent au développement spirituel de l'homme sont considérés comme méritoires et louables, alors que tous les autres actes sont considérés comme mauvais et nuisibles.

31- Le fisq

Fisq est un terme qui signifie "désobéir aux Commandements obligatoires de la Charicah, ou commettre des actions interdites par elle". Son opposé est l'itâcah (obéissance) aux Commandements d'Allah Le Suprême.
 
 


Conclusion

Une grande partie des Commandements Divins consiste en des formes spécifiques d'adoration, qui sont soit wâjib, soit mustahab en Islam. Ce sont : la tahârah (Pureté), la çalât (Prière), le ducâ' (Supplication), le thikr (Evocation d'Allah), qirâ'ah (Récitation du Saint Coran), çawm (Jeûne), hajj (Pèlerinage à la Sainte Kacbah), ziyârah (pèlerinage aux tombes du Saint Prophète (S) et de sa Sainte Famille (P) (6), le jihâd (combattre dans le Chemin d'Allah), adâ' al-macrûf (s'acquitter des devoirs financiers prescrits par la Loi islamique et consistant dans le khums, la zakât et la çadaqah (charité volontaire)).

Ici, l'auteur, al-Narâqî -qu'Allah l'entoure de Sa Miséricorde- aborde le chapitre final de son sujet, à savoir les Commandements Divins, leur rationalité et leur rôle bénéfique dans le développement spirituel de l'homme. Etant donné que ce chapitre se rapporte plutôt au fiqh (Jurisprudence musulmane), nous nous dispensons de le reproduire, faute de place, et à cause de la nature concise de ce livre.

En conclusion, nous souhaitons qu'Allah nous accorde la force de mettre en pratique les conseils exposés sommairement dans les quatre précédentes sections. Il est à espérer également qu'une étude soigneuse et un examen sérieux de ce sujet sur l'Ethique de l'Islam nous incitent à adhérer aux Principes de Celui-ci, ce qui apporterait joie et satisfaction à leur auteur. Amîn.
 
 

Wal-hamdu-lillâh
 

Appendice
 
 
Supplication
en vue du
Perfectionnement
Moral
 
 
Supplication
en vue du Perfectionnement Moral
Enseignée par l'Imam Âli ibn al-Hussayn Zayn al-Âbidin
Que la Paix soit sur lui !
 

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et fais que ma Foi atteigne le plus haut degré de la perfection, et que ma croyance soit la meilleure croyance. Et fais que mon intention soit la meilleure des intentions et que ma conduite soit la meilleure des actions.

O Seigneur ! Bonifie par Ta Grâce mon intention, et rectifie, par ce que Tu possèdes, ma croyance, et corrige par Ton Pouvoir ce qui est devenu corrompu en moi.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et rends-moi indifférent à ce qui pourrait me distraire de Ton adoration.

Fais que j'accomplisse les actions à propos desquelles Tu m'interrogeras demain, et que je passe mes jours dans l'accomplissement de ce pour quoi Tu m'as créé.

Mets-moi à l'abri du besoin, et élargis ma part de Ta subsistance.

Ne me laisse pas être tenté par l'insolence, et rends-moi respectable, mais ne me fais pas tomber en proie à l'orgueil.

Fais que je me dévoue à Ton adoration, et ne laisse pas corrompre mon adoration de Toi par la vanité.

Fais que mes mains fassent du bien aux gens, et ne me laisse pas gâcher cette bonne action par un rappel de gratitude.

Accorde-moi une morale sublime et mets-moi à l'abri de la vantardise.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et ne relève pas d'un degré ma position auprès des autres sans la rabaisser en même temps d'un degré à mes propres yeux, et ne me confère pas un respect extérieur sans susciter dans mon esprit autant d'humiliation intérieure.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et favorise-moi d'une Bonne Direction (que je ne changerai pas pour une autre) et d'un Droit Chemin dont je ne dévierai pas, ainsi que d'une intention bien dirigée à propos de laquelle je n'aurai pas de doute.

Laisse-moi vivre aussi longtemps que ma vie sera dévouée à Ton obéissance, et si ma vie devenait un pâturage pour Satan, rappelle-moi auprès de Toi avant que Ton Courroux ne m'atteigne, ou avant que Ta Colère ne tombe sur moi.

O Seigneur ! Ne laisse pas en moi une habitude répréhensible sans la corriger, ni un défaut sans le réparer, ni un bon trait de caractère imparfait sans le perfectionner.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et remplace pour moi l'inimitié des gens hostiles par l'amour, et l'envie des gens rebelles par l'amitié, et la conjecture des gens vertueux par la confiance, et la haine des prochains par la bonté, et la désobéissance des proches par la bienveillance, et la désaffection des proches parents par le soutien, et l'amour des flatteurs par la sincérité du respect, et le rejet des associés par la bonne conduite, et l'amertume de la peur des tyrans par la douceur de la sécurité.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi une défense contre celui qui m'a opprimé, et un argument contre celui qui m'a cherché querelle, et une victoire sur celui qui a fait montre de mauvaise foi à mon égard.

Et assure-moi un stratagème contre celui qui m'a trompé, et un pouvoir sur celui qui m'a persécuté, et la possibilité de démentir celui qui a porté contre moi une fausse accusation, et une protection contre celui qui m'a menacé.

Et accorde-moi la grâce d'obéir à celui qui m'a dirigé dans le Droit Chemin et de suivre celui qui m'y a conduit.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi le bon sens pour que je puisse donner de bons conseils à celui qui m'en a donné de mauvais, et récompenser par une bonté celui qui m'a délaissé, et être généreux envers celui qui m'a privé, et compenser par mon contact celui qui s'est séparé de moi, et différer de celui qui a médit de moi en disant du bien de lui, et faire preuve de gratitude pour toute bonne action dont j'ai fait l'objet, et fermer les yeux sur toute malfaisance dont j'ai été victime.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et revêts-moi de l'habit des gens bons, et orne-moi avec l'ornement des gens pieux en me faisant faire régner la Justice, retenir ma colère, éteindre le feu de la mauvaise volonté, réunir les gens dispersés, réconcilier les gens entre eux, diffuser les bonnes oeuvres des autres et cacher leurs défauts, et en me dotant d'un tempérament souple, d'une attitude humble, d'une bonne conduite, d'une disposition douce ; en me faisant agréable à fréquenter, devancier dans la Vertu, serviable, supportant le blâme et faisant preuve de bonté envers les gens indignes, disant la Vérité même si cela est difficile, sous-estimant mes bonnes actions, en actes et en paroles, même si elles sont grandes, et surestimant mes mauvaises actions, en actes et en paroles, même si elles sont insignifiantes.

Et complète pour moi tous ces souhaits pieux en me faisant T'obéir continuellement, et en me rendant attaché à la Communauté des Croyants, imperméable aux hérétiques et aux tenants de jugements inventés.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi Ta plus abondante subsistance lorsque je vieillis, et infuse-moi le meilleur de Ta Force lorsque je deviens fatigué.

Et ne me laisse pas être gagné par la paresse qui m'empêcherait de T'adorer, ni aveuglé devant Ta Voie, ni indulgent vis-à-vis de tout ce qui est contraire à Ton Amour, ni ne me laisse rejoindre celui qui se sépare de Toi, ni m'éloigner de celui qui s'est joint à Toi.
 
O Seigneur ! Permets-moi de puiser en Toi ma force lorsque cela est nécessaire, de Te demander de m'aider lorsque je suis dans le besoin, de T'implorer au moment de la pauvreté, et ne me laisse être tenté de demander secours à personne d'autre que Toi lorsque je suis affligé, ni ne me laisse m'humilier devant quiconque autre que Toi pour lui demander de l'aide lorsque je tomberais dans la pauvreté, ni implorer aucun autre que Toi lorsque je suis effrayé, m'évitant ainsi de mériter Ton abandon, Ton rejet et Ton mépris, O Toi Le Plus Miséricordieux des miséricordieux !

O Seigneur ! Fais que tout ce que Satan introduit dans mon coeur d'avidité, de suspicion et d'envie, soit un motif pour moi de me rappeler Ta Grandeur, de contempler Ton Pouvoir, et de me préparer pour riposter à Ton ennemi ; et que tout ce que Satan fait prononcer à ma langue de mots indécents, de paroles insensées, d'injures à l'honneur, de faux témoignages, de médisance d'un Croyant absent, d'insultes contre un présent, etc. soit une parole de louanges envers Toi, un discours d'éloge à Ton adresse, un départ vers Ta Gloire, un remerciement de Ton Bienfait, une reconnaissance de Ta Bienfaisance, et une énumération de Tes Faveurs.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et empêche que je sois opprimé puisque Tu as le pouvoir de me défendre, et empêche que j'opprime quelqu'un puisque Tu as l'autorité de m'en retenir, et empêche que je sois égaré puisque Tu as la possibilité de me guider, et empêche que je tombe dans la pauvreté puisque Tu es capable de me faire prospérer, et empêche que je me rebelle puisque mon indépendance découle de Toi

O Seigneur ! C'est vers Ton Pardon que je suis venu, et c'est à Ton acquittement que j'ai aspiré, et c'est auprès de Ta Patience que j'ai soupiré, et c'est à Ta Bonté que je me suis confié, alors qu'en fait je n'ai rien qui puisse me faire mériter Ton Pardon, et qu'il n'y a rien dans mon action qui me donne le droit de réclamer Ton acquittement ; et en me jugeant, je constate que je n'ai rien d'autre que Ta Grâce. C'est pourquoi, Prie sur Mohammad et sa Sainte Famille, et couvre-moi de Ta Grâce, O Seigneur !

Et fais-moi dire des choses justes, et inspire-moi la Piété, et fais-moi obtenir ce qui est le plus pur, et emploie-moi dans ce qui est le plus méritoire.

O Seigneur ! Fais-moi emprunter la voie la plus exemplaire, et fais-moi vivre et mourir en croyant en Toi.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi la frugalité, et place-moi au nombre des gens droits, des guides vers la Vertu et des serviteurs pieux, et assure-moi le Salut au Jour Dernier et la sûreté le Jour du Jugement attendu.

O Seigneur ! Prends de mon âme pour Toi-même ce qui pourrait la purifier, et préserve en elle ce qui pourrait la perfectionner, car mon âme est sûrement en train de périr, à moins que Tu ne la préserves.

O Seigneur ! Tu es mon refuge si je suis affligé, et Tu es ma source si je suis démuni, et c'est à Ton adresse que je crie au secours si je suis éprouvé, et c'est chez Toi que je trouve la compensation de ce qui est perdu, et la réforme de ce que j'ai corrompu, et le changement de ce que Tu désapprouves en moi.

C'est pourquoi je T'implore de me favoriser par la Sécurité avant la calamité, et par la Bonté avant la requête, et par la Bonne Direction avant l'égarement, et de me rendre capable d'endurer les actes déplaisants de Tes créatures, et de m'assurer la Paix le Jour de la Résurrection, et de m'accorder la Bonne Guidance.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et éloigne de moi le mal, par Ta Grâce, et nourris-moi avec Ta Bénédiction, et réforme-moi par Ta Bonté, et guéris-moi avec Ta Bienfaisance, et cache-moi dans le refuge de Ta Miséricorde, et revêts-moi de Ton Approbation, et aide-moi lorsque les choses vont mal pour moi, pour que je puisse en choisir la meilleure, et lorsque les actions deviennent équivoques, pour que je puisse opter pour la plus pure d'entre elles, et lorsque les crédos entrent en conflit, pour que je puisse adopter le plus satisfaisant.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et couronne-moi de contentement de ce que Tu m'as accordé, et orne-moi de la grâce de Ton Amour, et assure-moi une Vraie Guidance, et ne me laisse pas être séduit par la prospérité, et accorde-moi la beauté de la tranquillité, et ne fais pas de ma vie une succession d'épreuves, ni ne rejette ma supplication avec répulsion, car je ne reconnais personne comme étant Ton rival, ni n'appelle personne Ton égal.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et empêche-moi de me livrer à l'extravagance, et protège mes moyens de subsistance contre la perte, et augmente mon bien en le bénissant, et permets-moi de marcher le long de la Voie de la Bienveillance dans tout ce que je dépense de ma fortune.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et épargne-moi la peine du gain, assure-moi les moyens de subsistance abondamment afin que la recherche de ces moyens ne me détourne pas de Ton adoration, et qu'elle ne me fasse pas supporter les mauvaises conséquences d'un gain obtenu par des moyens déloyaux.

O Seigneur ! C'est pourquoi je T'implore d'assurer pour moi, par Ton Pouvoir, ce que je désire, et de me protéger, avec Ta Gloire, contre ce que je crains.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et préserve mon honneur par la prospérité, et ne rabaisse pas ma dignité par la pauvreté, afin de m'éviter de demander à ceux qui reçoivent de Toi leur subsistance, et d'implorer la faveur des méchants parmi Tes serviteurs, ce qui me vaudrait de faire l'éloge de celui qui m'a donné, et de dire du mal de celui qui m'a éconduit, alors que Tu es, au-dessus d'eux tous, le Maître du Don et du Refus.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et confère-moi la justesse dans l'adoration, et le bonheur dans la Piété, et la Connaissance dans la pratique, et la chasteté dans la Bienfaisance.

O Seigneur ! Boucle de Ton Pardon le terme de mon existence, et exauce mon espoir en tenant compte de Ta Miséricorde, et facilite pour moi l'obtention de Ton Approbation, et fais que dans toutes les circonstances mon action soit bonne.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et rappelle-moi à Ton adoration aux moments de ma négligence, et emploie-moi à Ton service les jours de loisir, et indique-moi une voie facile vers Ton Amour, afin que je puisse obtenir le Bien de ce monde et celui de l'Au-delà.

O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille de la meilleure façon que Tu aies prié sur n'importe laquelle de Tes créatures avant lui, et de la meilleure façon que Tu prieras sur quiconque après lui, et accorde-nous ce qui est Bien dans ce monde et dans l'Autre, et protège-moi par Ta Grâce du Tourment du Feu.
 



 
 
Glossaire
(des termes arabes)
 
 
adâ' al-macrûf  L'acquittement des devoirs financiers 
akhlâq  L'Ethique 
amânah  Dépôt, loyauté, fidélité, fidéicommis 
al-camr bil-macrûf  Ordonner de faire ce qui est bien 
caql  Intelligence, Raison 
awliyâ'-Allah  Ceux qui sont proches d'Allah 
ictidâl  Modération 
cayn al-yaqîn  Le stade de la Certitude, la Certitude même 
buhtân  La calomnie, la diffamation 
bukhl  L'avarice
ducâ' Supplication, invocation 
fiqh Jurisprudence islamique 
fisq Le fait de commettre des actes interdits 
ghaflah Négligence 
ghîbah Médisance 
ghibtah Envie 
ghurûr Orgueil 
hadith Tradition du Prophète (S) et des Imâms infaillibles (P) 
hajj Pèlerinage à la Sainte Kacbah 
halâl Permis, licite, légalement acquis 
haqq al-yaqîn Un stade de la certitude 
harâm Interdit, gagné de façon illicite 
hasad Jalousie 
hayâ' Honte, pudeur 
hikmah Sagesse 
al-hikmah al-nadhariyyah La Sagesse spéculative (théorique) 
al-hikmah al-camaliyyah La Sagesse pratique 
hilm Longanimité, patience 
hirç Avidité, convoitise 
hubb Inclination, amour 
huzn Chagrin, tristesse 
cibâd al-Rahmân Les esclaves du Miséricordieux 
ciffah Chasteté 
ikhlâç Sincérité 
ifrât Excès 
ifsâd bayn al-nâs Corruption des relations entre les gens 
ilhâm Inspiration 
cilm Savoir, connaissance, science 
cilm al-akhlâq La science de l'Ethique 
cilm al-yaqîn Un stade de la Certitude 
imân Foi 
inâbah Le plus haut degré de la repentance 
cichq La forme extrême de l'amour 
al-içrâr calal-macçiyah Persistance dans le péché 
ciçyân Rébellion 
itâcah Obéissance 
ictikâf Retraite spirituelle 
jahl Ignorance 
jazac Inquiétude, perte de patience 
jihâd Combat dans le Chemin d'Allah 
karâhah Aversion 
khachiyah Peur, crainte 
khiyânah Trahison, tricherie 
khums 20 % des économies annuelles, qu'on doit payer pour le bien-être des Musulmans 
khulq Disposition 
kufr Infidélité, mécréance 
kûfrân Ingratitude 
liqâ' Allah Rencontre avec Allah 
makrûh Abominable, détestable 
malakah Faculté 
mubâh Permis 
muhâsabah Faire le compte (la comptabilité) des besoins de quelqu'un 
mujâdalah Dispute 
mu'minûn Les Croyants 
murâqabah Le fait de penser aux qualités morales 
muchtabah Douteux, suspect 
mustahab Recommandé, désirable 
nafs Âme 
nahy canil-monkar Le fait d'interdire aux autres de faire le mal 
naçihah Souhaiter le bien-être d'autrui, conseil 
nifâq Hypocrisie 
qalb Coeur 
qirâ'ah Récitation du Coran 
al-quwwah al-câmilah L'intellect pratique, le pouvoir pratique 
al-quwwah al-caqliyyah Le pouvoir de l'intellect 
al-quwwah al-ghadhabiyyah Le pouvoir de colère 
al-quwwah al-chahwiyyah Le pouvoir de passion, du désir 
al-quwwah al-wahmiyyah Le pouvoir de l'imagination 
rahbah Crainte 
ridhâ Contentement, satisfaction 
riyâ' Simulation 
rûh Esprit 
çabr Patience 
çadaqah Aumône volontaire 
sakhâ' Générosité 
sakhat Grief 
çalât Prière rituelle 
chamâtah Le fait de se réjouir des malheurs d'autrui 
chirk Idolâtrie, polythéisme 
chirk cibâdî Polythéisme dans l'adoration 
chirk itâcî Polythéisme dans l'obéissance 
chirk jalî Polythéisme manifeste 
chirk khafî Polythéisme caché 
çidq Véracité 
tamac Convoitise 
tacn Injure 
tahârah Pureté 
tajarrud Abstraction 
takabbur Le fait d'être fier 
taqwâ Piété 
taslîm Résignation 
tawbah Repentance, regret pour une mauvaise action 
tawhîd Monothéisme 
tawakkul Confiance 
uçul al-dîn Les Principes (les Fondements) de la Religion 
wâjib Obligation 
wâjib kifâ'î Obligation que tous les Musulmans doivent acquitter, et dont ils sont déchargés dès qu'elle est acquittée par quelqu'un ou quelques-uns 
warac Piété 
warac canil-harâm Abstinence des pratiques interdites 
waswâs Tentation 
zâhid Celui qui s'abstient, ascète 
zakât 2,5 % de taxe de bien-être prélevée sur des quantités spécifiques de blé, d'orge, de dattes, de raisins secs, de chameaux, de vaches, de moutons ou de chèvres, des pièces d'or ou d'argent frappées, possédées pendant onze mois lunaires complets 
thikr Le fait de se rappeler Allah 
ziyârah Pèlerinage aux mausolées et aux tombeaux 
zuhd Abstinence, auto-restriction 
zuhd al-khâ'ifîn L'abstinence des craintifs 
zuhd al-râjîn L'abstinence de ceux qui espèrent 
 
 
 
Qu'est-ce que l'Islam ?

Avez-vous pleinement réalisé ce qu'est l'Islam ? C'est en somme une Religion fondée sur la Vérité. Il est comme une source d'apprentissage d'où coulent plusieurs rivières de Sagesse et de Connaissance. Il est comme une lampe à partir de laquelle de nombreuses lampes sont allumées. C'est un phare illuminant le Chemin d'Allah. C'est un ensemble de Principes et de Croyances qui satisfont tout chercheur de la Vérité et de la Réalité.

Sachez, vous tous, qu'Allah a fait de l'Islam la Voie la plus sublime pour obtenir Sa Satisfaction, et le critère le plus élevé de Son adoration et de Son obéissance. IL l'a favorisé de nobles préceptes, de Principes élevés, d'arguments irréfutables, d'une suprématie incontestable et de Sagesse indéniable.

Il vous appartient de maintenir l'éminence et la dignité qui lui sont garanties par Le Seigneur, de le suivre sincèrement, de rendre justice à ses Articles de Foi et de Croyance, d'obéir implicitement à ses Principes et à ses Ordres, et de lui accorder la place qui lui convient dans votre vie.

Rappelez-vous ! Votre aujourd'hui n'est que le temps qui vous reste pour espérer, désirer et travailler, et au-delà d'aujourd'hui peut n'être que le plus grand vide -la mort. Quiconque travaille pendant ce laps de temps d'attente et d'espoir (le laps de temps qui lui est imparti) recueillera la récolte, et la mort ne lui fera pas de mal. Mais celui qui n'aura pas pris soin d'utiliser ce laps de temps d'une façon bénéfique, perdra son temps et son travail, et la mort lui apportera la calamité.

Croyez-moi ! Je ne connais pas de Bénédiction aussi grande que le Paradis, cependant ceux qui la recherchent sont si paresseux et si insouciants à son égard ; ni de punition aussi terrible que l'Enfer éternel, cependant ceux qui désirent y échapper ne semblent pas tellement le craindre.

L'Imâm Âli (P)
 
Notes

1. Comprenant 1.200 pages

2. Abréviation de la formule de révérence "Que les Bénédictions d'Allah soient sur lui et sur ses Descendants."

3. Le pouvoir d'imagination s'appelle aussi "intellect pratique", qui est l'opposé de l'"intellect spéculatif". L'"intellect spéculatif" comprend les notions de vertu et de vice, et donne conseils et guidance. L'"intellect pratique" exécute les directives de l'"intellect spéculatif" et suit ses ordres. Les directives de l'"intellect spéculatif" sont toujours dirigées vers la régulation des pouvoirs de passion et de colère chez l'être humain.

4. Abréviation de la formule de révérence "Que la Paix soit sur lui".

5. Le mot "ignorance" (jahl) est utilisé ici dans une acception plus large que le sens ordinaire. "Jahl" est utilisé ici en opposition à "caql" (Raison) ou "hikmah" (Sagesse), et non pas en opposition à "cilm" (Connaissance).

6. L'Islam recommande que les gens rendent visite aux tombeaux de leurs parents, de ceux qui ont rendu service à la société (les Martyrs, les Savants, les enseignants, les réformateurs, etc.) en particulier, et à tout Musulman en général.


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